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L’Occitanie – Paroi de Glandasse Vercors

L’été dernier, avec Seb, lors de notre parcours en libre de

[bleu]la voie d’artif du Bouclier[/bleu]

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sur la paroi de Glandasse, nos regards étaient tombés sur cette ligne évidente empruntant les trois niches successives.
Un coup d’œil rapide aux topos nous avait appris que la voie de l’Occitanie franchissait tour à tour ces trois surplombs, dans le rocher bleu de Glandasse recelant de nombreux trous.
Nombreux trous que les ouvreurs mirent un moment à trouver, comme l’explique Bruno Fara : « La voie de l’OCCITANIE nous prit 3 week-ends… sur 2 ans, les 4 et 5 septembre 1976 pour un état des lieux (accompagnés de Pierre-Yves LEVY), les 1er et 2 octobre 1976 pour un portage de matériel et les 17 et 18 septembre 1977 pour préparer le final. Les 1er et 2 octobre 1977, nous avons donc gravi cette voie… »

Un an et une marche d’approche bien chargés plus tard, nous revoici donc avec Seb au pied de cette fameuse paroi.
Une question nous taraude, les dévers auraient-il pris de l’embonpoint ?
La question restera sans réponse, mais les faits sont là : ces bourrelets de calcaire déversants sont plus prononcés que dans nos souvenirs, de toute évidence fantasmés…
Le second constat est que l’humidité, pour ne pas dire les sources dégoulinant dans ces conques plus que verticales, risquent de ne pas nous aider à évoluer à la seule force de nos mains…

Nos velléités d’escalade à mains nues prennent un sérieux coup de bambou !
Mais comme dirait Fara, on n’est pas venu là pour « gravir cette portion de sentier fort raide chargés comme des bourriques » pour rien !

La première longueur, qui se charge de réveiller les canaux carpiens de Seb et de me réchauffer les poulies, nous dépose, non sans peine, au pied du premier ventre d’Obélix.
Ce dernier est bien fidèle à l’image que l’on s’en faisait du bas. Lisse et détrempé, les prises semblent avoir déserté la zone…
Et malheureusement pour nous, les ouvreurs sont passés droit dans ce cauchemar de grimpeur (un spit les y aura bien aidés).

Un coup d’œil à droite, puis à gauche, voilà une fissure qui nous fait de l’œil sur la gauche !

Toujours au-delà de la verticale mais bien pourvues de prises, quelques portions laissent durer le suspense, mais c’est notre seule chance !

Je m’y élance donc, armé de tout mon matériel d’artificier. Les mottes d’herbes volent, la terre jaillit des trous, les blocs branlants sont happés par la gravité… et je retrouve, plus haut, les pitons de la ligne d’origine. Le verdict est sans appel, ça passe !

Un dernier petit coup de Polish, et c’est au tour de Seb de mettre un bel essai, qui se solde malheureusement par un retour dans les cordes à deux doigts de la réussite. Les mauvaises langues diront que c’est moi qui l’ai induit en erreur…
Dans l’ordre naturel des choses, c’est donc à mon tour de m’y jeter. Grâce aux méthodes que j’avais habilement gardées pour moi, je parviens au relais suivant à l’ombre d’un second ventre, qui s’avère aussi lisse que le précédent…

Les ouvreurs, fidèles à eux-mêmes, et à l’esprit de l’époque, ont usé d’un spit pour forcer le dévers.
Pour comprendre leurs démarches il faut contextualiser avec l’époque et les moyens du moment ; la ligne se devait la plus directe et déversante possible, le reste passait après !
Et comme dirait Fara, « …notre admiration se compte en termes de pitons utilisés et d’ampleur du dévers ! »

Sans se laisser démonter, on décide d’appliquer la même méthode que précédemment : le contournement.
Méthode qui nous réussira cette fois aussi !

Nous qui étions venus plein d’arrogance espérant libérer l’Occitanie à la journée, ces trois premières longueurs nous auront déjà bien occupés ! Pour aujourd’hui, c’est fini, l’orage gronde et s’apprête bientôt à transformer la voie en canyon. On fixe les longueurs et on donne rendez-vous aux longueurs suivantes pour plus tard.

Il faudra bien 10 jours à trainer nos marteaux et pitons ailleurs en attendant que la voie sèche, et nous revoici !

Cette fois-ci, les doutes de la dernière fois ont fait place à l’arrogante certitude que la suite allait passer en libre.

Cette deuxième journée dans la voie nous donne raison. On se paye même le luxe de gravir à vue le dernier bombé déversant, passage jadis dompté par les premiers ascensionnistes à l’aide de deux spits ! Quelle époque !

Et quelle paroi !
Là-haut sur le rocher, la sueur n’a pas fini de couler, ni les pitons de chanter…

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Cpl Billon Léo