De Norvège à Darwin

Nous sommes partis le 16 avril pour Tromso, tout au nord de la Norvège, dans les Alpes de Lyngen. L’objectif était de tester le matériel et les techniques de progression en vue de la traversée de la Cordillère de Darwin, notre prochaine expédition dont le départ est prévu fin août 2011.

À notre arrivée, nous sommes accueillis par de charmantes norvégiennes en robes traditionnelles, le 17 mai étant la fête nationale. Après avoir récupéré une pulka (traineau pour tirer tout le matériel) coincée à la poste pendant ce jour férié, nous attaquons les Alpes norvégiennes avec un jour de retard.

Des conditions météorologiques exigeantes

Aucun endroit sur le globe n’est comparable à la Cordillère de Darwin, ses principales caractéristiques étant des glaciers accidentés, voire impraticables et le mauvais temps omniprésent. Pour notre entrainement, nous avons choisi les montagnes de Lyngen pour deux raisons principales ; elles ont « l’avantage » d’être souvent dans le mauvais temps et proposent un profil alpin. Pour valider les tests, il nous faut un terrain de jeu similaire à l’expédition et nous ne serons pas déçus. La neige de fin de saison est très lourde et limite dangereuse. Alors que nous étions engagé dans un couloire assez raide, une coulée nous surprend et Lionel dois larguer sa pulka pour lui échapper. La pulka emportée par la coulée finira sa course en bas de la pente. La pluie est aussi de la partie, il manquait juste 100 km de vent pour coller avec la réalité qui nous attend. Heureusement le soleil a également fait quelques apparitions.

Des tests matériels indispensables

Au niveau des tests de matériel, les pulkas nous ont donné le plus de fil à retordre. Nous avons du mal à imaginer la même traversée avec 30kg en plus et pourtant…

Nous avons tout testé pour franchir pentes et couloirs : les mouflages, les rappels, les portages en aller-retour. Conclusion : ce sera la galère et le pire reste les traversées en pente mais nous sommes rassurés quant à la capacité de franchir toutes sortes d’obstacles avec nos pulkas. Autre point positif au sujet des pulkas, nous avons pu lever notre indécision sur le modèle avec lequel nous partirons. Les skis ont été validés par l’ensemble du groupe et les raquettes resteront une fois de plus dans le placard. Les sacs à dos, de type « light », se sont montrés résistants à l’usage et confortables au portage. Même si certains sont mitigés, nous n’abandonnons pas l’option carbone pour les chaussures de skis et les tentes que nous utilisons déjà, une fois customisées, feront bien l’affaire. Le test des réchauds confirme une fois de plus nos choix. Pour le bivouac la question demeure, sac de couchage en duvet, en synthétique ou mixe des deux ? Une partie de la solution se trouve peut-être dans l’épaisseur du matelas !

Des responsabilités partagées

Au niveau psychologique, seulement 6 jours sous les tentes au lieu de 30 prévus pour Darwin, nous étions faciles. Tout de même, nous arrivons mieux à imaginer les contraintes et le niveau d’exigence de ce type de traversée en autonomie.

Enfin sur le plan humain, la répartition des responsabilités s’appuie sur une trame de compétences déjà bien rodée. Et ce dans tous les domaines : films, photos, itinéraire, reconnaissance, trace dans la neige…. le tout dans l’harmonie et la bonne humeur.

En conclusion, cette expédition de reconnaissance était indispensable dans la préparation pour la traversée de Darwin et, au regard des conditions qui nous attendent, une chose est sûre, la vie du groupe sera plus sollicitée que d’habitude.