Une cascade de cascades

C’est d’abord grâce à un texto de Manu Pellissier que je me dirige vers ma Maurienne natale.
Jeff Mercier sera mon compagnon pour la fameuse cascade la Croix des Têtes.

Il ne voit même pas à quoi elle ressemble, mais il décide de me faire confiance !

Après une marche pénible de 2h dans une nuit opaque, nous sommes enfin au pied. La première longueur en rocher est délicate, mais elle donne accès à quatre grandes longueurs de glace soutenue. Le ciel étant voilé, nous avons même la possibilité de grimper la branche de droite, vierge jusque là ! La descente par la via ferrata abandonnée nous réserve encore quelques frissons. Après encore une demi-heure de marche nous pouvons contempler cette magnifique ligne depuis le parking.

Le lendemain (le 09/03) avec Simon Duverney et Marjorie Juarez, nous partons grimper une cascade à droite de celle de la veille, que j’avais repérée en montant. Nous la nommerons « la Cosy » : 4 longueurs soutenues en 5/5+ dans une glace de cinéma…

Après un dimanche de repos bien mérité, je pars cette fois Avec Arnaud Bayol et Marion Poitevin dans le Briançonnais. Nous commençons par Fréssinière, le temple de la glace. Dire que je n’y avais jamais mis les pieds… Nous nous dirigeons vers Juste une illusion, 350m, 6. Cette voie entièrement en glace fait partie des plus jolies selon les locaux… Nous allons être servis, les longueurs toujours raides se succèdent, avec un prime le cigare du haut qui a demandé toute ma vigilance pour grimper « léger », au vue de sa circonférence et de sa glace très sèche. Six rappels plein gaz nous ramènent au pied alors que la nuit tombe déjà.

Le lendemain le réveil nous pique un peu aux yeux. Tant bien que mal nous gagnons le parking de Serre Busard. Après une heure de ski de rando, pour nous faire oublier les efforts de la veille, nous sommes au pied de la mythique Rappel toi que tu es un homme, 250m, 6, M5. La première longueur en rocher est impressionnante. Tout comme la deuxième, qui part sur une stalactite. Vous l’aurez deviné la troisième et la quatrième le sont aussi ! Mais la cinquième, un free standing de 20 mètres, qui permet d’éviter le mixte, l’est d’autant plus… Une dernière longueur et c’est fait, nous somme des hommes (avec un H majuscule)…

Sur la route de Chamonix le lendemain, nous nous arrêtons à Orelle pour grimper le Gouter des Généraux, 100m, 6. Marion s’y colle et moi je profite en second avec ma doudoune et mes gros gants ! Idéal pour terminer ces six jours de folies !!!

Mais comme toutes les bonnes choses n’ont pas forcément une fin !

Le lundi suivant (le 20/03) nous partons avec Sébastien Bohin à Montriond pour grimper la Dame du lac. Arrivés au pied les conditions ne nous semblent pas favorables. C’est avec plaisir que nous grimpons la ligne juste à coté : Ilinx, 200m, 6. Nous la parcourons en quatre longueurs esthétiques, dont notamment la seconde, un mur très vertical et bien étroit…

Le mardi, avec Sébastien Moatti, nous partons pour Tré le chaume, 150 m, 6, au Fer à cheval. Dès le départ je perds mes peaux, ce qui me vaudra 2 heures de marche à pied dans une neige très, très, très profonde… Au pied nous remarquons vite que nous allons être trempés, mais nous sommes motivés. Je grimpe le magnifique free standing sous une douche violente.

Au relais, nous sommes au sec. Encore une longueur chacun, dont la dernière très verticale et très lisse nous achèvera les bras, et nous sommes au sommet.

La bonne nouvelle, c’est que nous sommes passés au pied du tube des Folly, 300m, 6, qui parait en excellente conditions. Bien décidé à profiter de la trace que j’ai faite, j’appelle Pierre Labbre. Le réveil est encore plus tôt, 3 heures du matin. La fatigue des jours accumulés se ressent. Mais les conditions n’attendent pas ! Nous attaquons de nuit pour éviter le soleil. Les longueurs s’enchaînent bien, elles sont en sorbet. L’escalade est toujours très aérienne, mais jamais extrême. Nous descendons juste avant le soleil, timing parfait !

Ca y est cette fois c’est promis, je range mes piolets de cascade pour cette année…

Sébastien RATEL