Du 25 septembre au 4 novembre 2023, 6 membres du GMHM sont partis se perfectionner en escalade en parcourant les secteurs mythiques de la Californie, de l’Utah et du Nevada. Sans vouloir «divulgacher» les joies de découvrir par vous même cette expédition «escalade» , le Caporal Noguere vous la raconte brièvement.
Yosemite Valley
Le début de l’aventure débute par la vallée incroyable du Yosémite. Elle nous a permis de nous mettre en jambe doucement. Le temps pour certains de comprendre les techniques de verrou de mains et de pieds… Dure et exigeante au début, puis la technique rentre peu à peu. Environ 15 jours d’escalade à parcourir la « Tick List » de cette Uprising Valley : The Moratorium, Sentinel, Middle Cathédral, Half Dome, Washington Column.. Et un peu de bricolage sur El Capitan…
En effet durant la deuxième semaine, avec Arnaud et Thomas nous nous sommes lancés dans l’ascension du Shield sur El Capitan. Une escalade artificielle de grande classe dans une verticalité rare ! Attendre, grimper, jumarder, hisser, cramer, boire et bis repetita sur 1000m … Quel pied !! Quelle chaleur en ce mois d’octobre … Au début du 5ème jour nous arrivons au sommet et nous n’avons plus qu’à redescendre au fond de la vallée. 3H plus tard nous sommes à la voiture desséchés sous une chaleur écrasante. Nous avons le plaisir de découvrir trois canettes de soda laissées le matin même par nos compagnons.. Petite attention qui fait plaisir !
La fin du Yosemite est proche et l’équipe des paralpinistes part sauter dans une sierra non loin de là. Avec Thomas, nous décidons de rester 3 jours de plus pour essayer la longueur « Tales of power » et grimper la voie Astroman sur Washington Column. La « Tick List 2024 » est enfin bouclée !
Après avoir fait environ 15 journées de grandes voies et « Big Wall », il est temps pour nous de partir vers d’autres horizons.
Bishop
Nous rejoignons François, Cédric et Arnaud déjà arrivés depuis une journée et en possession d’un RV (grand camping car) qui va nous transporter et héberger pour les 3 dernières semaines.
L’endroit est magnifique, les blocs le sont tout autant… On a le choix entre de la force et de la compression sur le grès, ou bien des réglettes infâmes avec des nanos pieds sur du granite… De quoi satisfaire tout le monde !!
Il fait ici aussi trop chaud, alors nous grimpons tôt le matin, à l’ombre ou encore à la frontale. Nous comprenons vite que les cotations ici aussi sont rudes et nous devons plutôt nous focaliser sur la beauté de l’escalade et des mouvements… La cotation viendra peut être … ou peut être pas !!
Le dernier jour, nous partons grimper au secteur de Buttermilk. Des boules de granite déposées par d’anciens glaciers et qui font de ce secteur un lieu magnifique. Les réglettes de ces blocs sont déjà saillantes sur des « V2 de chauffe ».. La peau s’amenuise au fur et à mesure des essais. Au milieu du 3ème jour de blocs, plus personne n’arrive à mettre de beaux essais, il est temps de partir !
Le camping car se met en route direction Salt Lake City pour récupérer Clément, tout juste remis d’une blessure à la cheville. Quant à moi, je pars avec Thomas à San Francisco pour qu’il puisse rentrer en France. Je retrouve tout le monde à l’aéroport de Salt Lake City pour les trois dernières semaines.
INDIAN CREEK
Certainement l’endroit où il faut être pour tenter de devenir un as du verrou. Le topo du secteur est volumineux. Nous essayons d’élire les secteurs intéressants parmi cette inépuisable quantité de fissures. Une fois au pied, il nous suffit de guetter les fissures marquées de blanc (de magnésie) pour être sûr d’avoir trouvé une classique. Le « trafic jam » (les embouteillages) est un autre indicateur … Les fissures sont parfaites, les bords sont ultra lisses… Du micro friends à la cheminée ultra large. Ici impossible de tricher , la méthode passe par la fissure ! La solution, elle, passe souvent par la douleur…. L’équipe se frotte aux joies des fissures de taille violet/vert. Ça verrouille mal, ça glisse, les pieds zippent, souvent les lentes agonies aboutissent à … la chute ! Parfois une « Dülfer » solide et engagée se substitue à un verrou hasardeux. Nous prenons le temps de comprendre, d’essayer, nous sommes là pour ça. Il est possible de rester un mois ici sans « s’ennuyer » mais il nous reste quelques secteurs à découvrir. Et les parachutes pliés dans la soute commencent à s’impatienter.
MOAB
1, 2, 3 et du Base pour tout le monde.
Nous trouvons à Moab un terrain d’entrainement idéal pour passer d’une activité à l’autre. De la couenne, à la grande voie, aux secteurs de base jump.
L’équilibre entre temps d’approche et le temps de « chute libre » est idéal d’après les experts de ce domaine…
Une idée germe chez les base-jumpers… Je dépose donc au bord de l’eau ces 4 fantastiques avec 2 kayaks. Leur plan : traverser le Colorado, monter sur un sommet, sauter et redescendre le fleuve avec leurs embarcations. Combo gagnant ! Sans une égratignure et presque pas mouillés, ils me retrouvent au secteur de blocs où je les attendais.
Le lendemain, nous nous enfonçons dans le désert avec le camping car. Arnaud, François et Clément s’offrent une journée entière à sauter depuis ces aiguilles effilées.
Avec Cédric, nous nous offrons un joli combo escalade et base. Apres avoir grimpé une voie sur Ivory Tower, nous rejoignons le pied de la tour de grès « Castleton Tower ». Nous grimpons la voie de la face nord et hissons nos parachutes. Une fois au sommet, le coucher de soleil sur le désert est magnifique. Pas le temps de trainer, il va faire nuit. Cédric vérifie mon parachute et me fait une PCA (Pilote Chute Assist) qui restera un moment particulier pour moi. Je me pose sans encombre.. Puis tout sourire, nous rejoignons tout le monde au RV.
ZION
Road to Zion.
Le rythme depuis le début du voyage est intense, nous sommes fatigués et décidons donc de nous consacrer aux classiques du secteur pour ces deux prochains jours. Nous laissons de côté les voies de libres exigeantes (comme Moonlight buttress). Nous ne pouvons être en forme dans chaque secteur.. Il faut l’accepter ! Néanmoins nous profitons de la beauté de ce parc national. François, Cédric et Clément gravissent la voie Iron Messiah (5.10b). Avec Arnaud nous nous challengeons à grimper Monkeyfinger (5.12b) en libre.
Notre passage a été bref dans cet endroit au potentiel incroyable. Notre retour en France se rapproche et il nous reste encore deux secteurs que nous souhaitons découvrir.
RED ROCKS
« Vous voulez faire quoi à Red Rocks ? » Dur de choisir , il y a tout ! De quoi rester ici aussi pour un moment. Et je ne dis pas ça car Las Vegas n’est qu’à quelques pas !… Il faut choisir entre bloc, couenne, grande voie, base jump…. À notre arrivée en fin d’après midi, nous profitons avec François d’une falaise haute de 10 mètres pour nous dégourdir un peu et faire prendre l’air à notre corde d’attache. Il y a quelques jours à Indian Creek, je me souviens avoir lâché un «put** donnez moi des réglettes ». Mon vœux se réalise enfin.. Une falaise punchy mais stylée ! Pendant ce temps là, Cédric, Clément et Arnaud repèrent et grimpent sur les blocs de la vallée d’à côté. Une fois de retour au RV, nous établissons un plan d’attaque pour le lendemain. Mais cette fois ci, c’est la météo ,et plus précisément le vent, qui nous contraint et nous oblige à faire du bloc.
Obligation payante! Les blocs sont splendides, les cotations paressent gentilles comparées à celles de Bishop. Ou peut être commençons nous retrouver la forme ?
The last but not the least …
JOSHUA TREE
Pour terminer notre trip, nous jetons nos dernières forces dans les blocs granitiques de Joshua. Ce secteur est incroyable ! Nous posons notre camping car pour nos trois dernières journées. Nous profitons de cet horizon de blocs et de Joshua Tree (arbre typique) à perte de vue !
Nous nous essayons à quelques « Highballs » (blocs de plus de 7m). Là nous comprenons instatanément l’engagement de cette pratique. Il faut se concentrer pleinement sur les mouvements sans « penser » à la chute. C’est un exercice intéressant mais avec nos trois crashpads nous ne nous sentons pas vraiment en confiance… Finalement le 2nd souffle ressenti à Red Rock n’est pas là. Nos corps n’en peuvent plus, même si la motivation et l’émulation sont au beau fixe. Ici encore l’équipe continue de mettre des essais même à la nuit tombée. Le granite et la violence des blocs finissent de nous tuer la peau !
C’est ainsi que notre entrainement dans l’ouest Américain se termine. Nous rendons pour de bon nos crashpads, fermons nos sacs à magnésie et nos dufflebags pour le vol retour. Il est temps de faire reposer les organismes. Cet entrainement a permis aux membres du Groupe d’approfondir leur technique d’escalade en fissures et de rentrer mieux armés pour les futures ascensions.