Europe : Escalade glaciaire dans les moulins du Groeland

Présentation

L’Europe est sans aucun doute le berceau de l’alpinisme même si ce continent n’en n’a pas l’apanage.

Depuis la conquête du mont Aiguille, de belles pages d’histoire se sont écrites à travers les montagnes mythiques du continent européen.

Pourtant nous avons voulu illustrer une des disciplines les plus récentes, à savoir l’escalade glaciaire, par un projet original et neutre.

++++

Le projet

Descente dans un puit ©Patrick Robert

Dans cette région, la fonte des neiges forme des puits très raides qui peuvent atteindre plusieurs centaines de mètres de profondeur. Escalader ces parois de glace à de telles profondeurs laisse entrevoir des difficultés importante comme la dureté de la glace, les surplombs, les tensions dans la glace, l’eau en surfusion … Sur la calotte à 80 km au nord est d’Ilulissat, le GMHM posera son camp de base pour explorer ces moulins qui ont été creusés cet été par les rivières, appelée bédiaires, qui parcourent la calotte.

Le GMHM est accompagné tout d’abord par Janot Lamberton qui est l’instigateur des premières expéditions sous-glacière à la fin des années 80, son expérience sera incontournable.

L’équipe est aussi constituée de scientifiques:
– Luc Moreau, docteur en géographie alpine, géographe, spécialité « Glaciologie », étudiera notamment les mécanismes de déformations du glaciers, la structure du glacier, la cristallographie …
– Jean Yves BERTHON, biologiste, il étudiera les micro-organisme présent en surface et dans la glace comme les algues ou les tardigrade : sorte de micro insecte qui peut être congelé et se réveiller. Les mécanisme de survie et d’adaptations aux températures négatives extrêmes sont très importantes pour la recherche comme la conservation des organes.

Un film sera réalisé grâce notamment a Philippe Ramorino, caméraman de l’ECPAD, qui a déjà suivit plusieurs fois le Groupe. Le photographe Patrick Robert réalisera aussi un reportage sur l’expédition.

++++

Situation

++++

La cascade de glace

Au même titre que l’escalade libre, la cascade de glace est née de l’alpinisme, pour devenir petit à petit une discipline à part entière. Elle consiste à gravir des structures de glace qui se forment l’hiver à l’aide de piolets et de crampons.

Dans une ascension sur glace, le grimpeur place lui-même ses protections pour s’assurer. Ces protections sont plus ou moins fiables suivant la fragilité de la glace. Dans l’escalade, en général, la difficulté d’un itinéraire vient à la fois de sa verticalité et de sa longueur. En glace pure, ces deux paramètres sont limités car les structures de glace raides ne peuvent se former sur de grandes hauteurs et les parties surplombantes sont rares. La discipline a donc évolué avec l’apparition du “dry tooling“ qui consiste à gravir des voies très raides à dominante rocheuse dans lesquelles la glace n’apparaît que partiellement. Dans ces itinéraires, les points d’assurance sont souvent à demeure (spits).

Règles :
Dans des itinéraires traditionnels en glace, on place soi-même ses protections. Si les structures sont fragiles ou rocheuses, les protections peuvent être placées au préalable.

++++

Carnet de bord

Fin de l’expédition

24 octobre 2007

L’expédition INLANDSIS 2007 est terminée et les grimpeurs du GMHM sont rentrés fin de semaine dernière… Très heureux de cette nouvelle expérience dans les profondeurs glacées, ils nous font un petit bilan de ces cinq semaines au Groenland.

Après cinq semaines passées au Groenland, le Groupe Militaire de Haute Montagne est rentré d’expédition en fin de semaine dernière. Le quatrième volet de notre challenge «7 continents / 7 Alpinismes» est terminé et la composante « glace » restera un grand souvenir.

Une expédition technique, assez particulière de part la découverte de ce milieu et l’exploration des entrailles de l’Inlandsis. Au-delà des images irréelles de ces cathédrales de glace, se sont les bruits des craquements et des explosions, dues aux coups de piolets, qui resteront dans nos mémoires.

Mélange de plénitude et d’inquiétudes, ce fut de grands moments pour toute l’équipe au sein de laquelle une extraordinaire ambiance régna tout au long du séjour. Il fallait bien ça pour affronter des températures avoisinant les – 30° et le vent soufflant très souvent en tempête.

Inlandsis 2007 en chiffre :
– A Ilullisat, en première semaine, dans la baie de Disko, deux Iceberg ont été grimpés – Quatre lignes entre 70° et 90°.
– Dans le secteur de Ice Cap, en deuxième et troisième semaine, trois moulins ont été explorés et remontés en piolet traction.
– 1er moulin du type bédière couverte, baptisé Edwyn, un trou de -110 mètres. Remonté par la voie des « Citrons » en 4+ / 5
– 2ème moulin du type puit direct, baptisé Tim, un trou de – 130 mètres. Remonté par la voie « Cracotte » en 6 et A0.
– 3ème moulin du type puit direct, baptisé Milàn, un trou de – 100 mètres. Remontée par le voie « l’étroit trou » en 5+.

– A Kangerlussuaq, en quatrième semaine, ouverture d’une voie de Dry tooling en M10 et exploration d’un quatrième trou sur la calotte.
– 4ème moulin du type bédière couverte, un trou de – 130mètres. Remontée par une voie de 4+

Bilan de cette expédition :
– Les moulins de la calotte Groenlandaise, habituellement remontés en technique spéléo, ont été pour la première fois, grimpés dans leur intégralité en technique de cascades de glace. De belles longueurs ont été réalisées également sur les Icebergs de la baie de Disco. Ces ascensions inédites, tant par les qualités des glaces grimpées que par l’environnement, ont été l’occasion pour nous d’enrichir et de développer nos connaissances dans le domaine spécifique de l’escalade glacière…parfois flottante, toujours surprenante…
– Nous regrettons de ne pas avoir pu battre le record de profondeur de notre ami Jeannot Lamberton, la rivière souterraine encore active en a décidé autrement.
– Des enseignements concernant le froid extrême ont été tirés, nul doute que ça nous servira pour l’Antarctique en décembre 2008 (sixième volet du challenge).

L’équipe du GMHM tient à remercier tout particulièrement :
– le personnel de l’EMHM,
– la directrice de l’ECPA D et ses personnels Philippe Ramorino, Daniel Léon, Edouard Patté. Janot Lamberton pour nous avoir fait confiance
– Luc Moreau, Jean Yves Berthon et la société Greentech
– Patrick Robert

Nos partenaires :
– Patrice Folliet et la société Millet
– Monsieur Paulsen et Madame Girardot des établissement Ferring

Sans oublier :
– Kim Petersen, Silver, Kirsti Rambaldelli de la société Scandinavian Airlines
– Nuna Papis et Paninguak de Airgreenland
– Jean François Bocquet et Pascal de Canal C
– Marie Ameline de France Bleue
– Radio Mont-Blanc.

et tous ceux qui nous ont suivi et soutenu….

A bientôt pour d’autres activités avec le GMHM.

++++

Nouvelle ascension/descente

15 octobre 2007

La dernière phase de l’expédition Inlandsis a débuté et les grimpeurs du GMHM sont de nouveau à pied d’œuvre sur la calotte. Un secteur où les moulins semblent bien plus profonds…

Nous voici à nouveau sur le glacier, on s’est fait déposer avant hier après de longues journées d’attente.

Hier nous sommes descendus dans le « moulin » que nous avions repéré la semaine dernière, la bédière longue de 17 km nous laissait espérer un trou gigantesque.

Dès l’entrée dans la bédière on prend la mesure, elle fait environ 50 mètres de profondeur, mais rapidement un grondement sourd se fait entendre, malgré le froid ambiant le moulin est toujours actif et l’eau coule au fond.

Nous descendons une centaine de mètres en équipant des traversées « hors d’eau » au dessus de lacs à peine gelés.

Le dernier rappel amènera François à environ -130m, sans être au trou proprement dit, mais le vacarme ambiant type « chutes du Niagara », et les dangers objectifs de chutes de glace nous inciterons à faire demi-tour.

Malgré tout nous ne nous étions pas trompés, ce trou là descendait surement à plus de 200 mètres. Nous réussissons tout de même à regrimper jusqu’à la surface, ce « moulin » sera le dernier de la série, il y a peu de chance que la rivière regèle, et nous n’avons pas l’intention d’y passer l’hiver.

Aujourd’hui la neige s’est invitée, nous attendons l’hélico qui devrait nous délivrer dès que le beau temps reviendra. Sachant que l’homme supporte beaucoup moins bien la congélation que le tardigrade (voir dossier de présentation), nous espérons un retour à la civilisation dans les plus brefs délais….

A part ça, on a tous bien froid aux pieds, on se cultive un peu: « blade3…….. », on regarde les photos du mariage de Foué……., on mange du jambon et du Nutella…..la routine quoi !

PS: nos coordonnées sont 69°/47’/16 » 0496755, nous acceptons toutes sortes de cadeaux…..noël approche…….

Manu pour le GMHM

++++

Équipement d’une voie de dry

09 octobre 2007

Dry

Aujourd’hui dimanche, (nous sommes depuis jeudi matin à kangerlussuaq), les préparatifs pour retourner explorer de nouveaux moulins sur la calotte sont terminés. Afin de ne pas perdre la main et de s’occuper, nous avons débuté, hier, l’équipement d’une voie de « dry » sur un des rognons rocheux qui bordent la ville et nous allons encore y passer une bonne partie de l’après midi à « taper des essais », car l’enchaînement de la longueur est loin d’être réalisé.

Grâce à un survole de reconnaissance avec un petit avion, que nous avons fait vendredi, nous avons pu repérer quelques moulins dont trois nous semblent intéressant, et c’est à coté du plus prometteur que nous irons poser notre campement. De là, nous pourrons ensuite aller visiter les deux autres qui sont respectivement à 8 et 12 km. Bien sûr, les conditions météo seront déterminantes pour effectuer ces déplacements car il a beaucoup neigé sur l’inlandsis ce qui laisse déjà présager des marches d’approches longues et pénibles sans ski ni raquette.
Demain donc, nous partons dès 9h, nous sommes tous impatient d’aller vérifier sur le glacier si nos observations aériennes ont été justes, si nous avons fait le bon choix et surtout d’aller explorer et grimper de nouveaux moulins…

++++

Tradition

08 octobre 2007

Ilulissat, ©Patrick Robert

Eh voilà c’est la fin de la deuxième période nous voici de retour à Ilulissat sous le mauvais temps. Le départ du camp a été épique encore 50 km/h de vent. Le démontage des tentes fut assez délicat.

Heureusement arrivés à l’aéroport nous réquisitionnons un grand hangar pour sécher et reconditionner correctement notre matériel. Jean-Yves Berthon biologiste et président de la société Greentech nous a rejoint. Il avait effectué des prélèvements de micro organismes au mois de juillet lors de notre reconnaissance. Il espère compléter ces premiers échantillons, malheureusement l’arrivée précoce de la neige risque de compliquer l’affaire.

Après discussion avec Janot et Luc, ils nous font part de la tradition qui consiste à nommer les moulins avec les noms des enfants des membres de l’expédition. Nous décidons de renommer les moulins explorés cette semaine. Nous conservons tout de même les premiers noms pour désigner les voies de montée dans les moulins, comme des voies d’escalade.

Le premier trou est baptisé Edwyn, le deuxième le plus important est baptisé Tim en souvenir du fils de Jean-Yves décédé tragiquement cet été. Le dernier est baptisé Milàn. Décidément que des garçons, il paraît que les alpinistes ne savent faire que ça…

Ce soir encore nous sommes encore 11 membres de l’expédition. L’ambiance est excellente après cette bonne semaine passée sur l’Icecap.

Jeudi toute l’équipe quittera Ilulissat pour Kangarlusuak, le matériel suivra vendredi. Cette région devrait offrir des possibilités d’exploration intéressantes.

Rendez-vous en début de semaine prochaine pour la suite des aventures…

++++

Notre troisième descente

01 octobre 2007

L’expédition Inlandsis est très active, pour preuve cette nouvelle actu du 30 sept, qui nous relate l’escalade d’un troisième moulin. Les grimpeurs du GMHM ont trouvé ce dont ils rêvaient de trouver dans la calotte Groenlandaise…

Nous sommes rentrés hier soir de notre troisième trou, il était situé à 5 kilomètres du camp de base, grâce au talent de Foué le maître de l’arctique, nous l’avons trouvé sans problème. En fait, il avaient été repéré et répertorié au mois de juillet lors de la reconnaissance !

Ce « moulin » ne nous a pas déçus, 100 mètres d’un seul jet, d’une verticalité sans appel, trois longueurs d’une glace très travaillée. On a eu l’impression d’évoluer à l’intérieur d’un demi tube, hérissé de piquants, c’était ce que nous rêvions de trouver ici. Il aura fallu toute notre énergie pour grimper, filmer et faire des photos de cet endroit incroyable.

Nous sommes d’abord descendus tous les cinq jusqu’au fond, François et Thomas sont remontés sur les cordes pour avoir des plans de dessus, Lionel lui est resté en bas pour filmer. Dim et moi, prenant confiance mètre après mètre, avons tiré trois des plus étonnantes longueurs de notre vie.

Malgré la raideur omniprésente de la paroi de ce canyon, cette cheminée glacée creusée par l’eau de l’été, nous permit à force de grands écarts et autres « renfougnes », de sortir vers la lumière…..

C’est ce qu’on appelle un vrai travail d’équipe, d’ailleurs une fois au sommet avec Dim, notre premier réflexe fut de remercier Thomas, Foué et Lionel, sans eux, rien n’aurait été possible pour nous, à charge de revanche…..

Maintenant au camp de base c’est de nouveau le froid polaire et le grand beau qui s’installe, c’est d’ailleurs à la lueur des aurores boréales que je vous écris ces quelques lignes…….

Nous attendons aujourd’hui Luc Moreau et Janot Lamberton, nous devrions rester encore quelques jours et ensuite repartir vers Kangerlusuaq pour y explorer d’autres trous encore plus gros parait-il….

Manu pour le GMHM

PS: nous baptisons ce troisième trou: « l’étroit trou » (grade 5+/ -100m) , une idée du Doc………

La base arrière de Chamonix rappel, à tous ceux qui nous suivent, que le GMHM est composé de huit personnes…..et que sur cette expédition au Groenland, sont engagés cinq d’entre nous: Les Capitaines Faucheur Thomas (Thom) et Albrieux Lionel (Yo), le Sergent chef Savary François ( Foué ), le Caporal chef Pellissier Manuel ( Manu ) et le Sergent de réserve Munoz Dimitry ( Dim )

++++

Mise dans l’ambiance

28 septembre 2007

Après quelques nouvelles grâce à de brefs contacts téléphoniques, la base arrière reçois aujourd’hui un vrai mail d’une page et demi avec tous les détails de l’expé et des photos qui vont avec…merci les grimpeurs pour ce récit, malgré vos journées bien remplies !

 » Après 4 rotations d’hélico le 23, nous installons notre camp de base sur l’inlandsis, les 2 grosses tentes sont montées et les 4 petites autour, jusqu’ici tout va bien……..

C’était trop beau, après s’être aperçus que les 2 réchauds ne fonctionnaient pas très bien et que la moitié de la nourriture avait gelé, une légère bise se lève sur le glacier, François grand maître de l’arctique nous rassure, on appelle ça le vent catabatique….c’est normal….

Dans la nuit le vent atteint les 60 kms à l’heure avec des rafales, et il fait -2O dehors….la tente « mountain hard wear » ne résiste pas ……ça devient un peu moins normal…manquerait plus que les ours…..

Mais c’était sans compter sur l’énergie de notre petite équipe, qui dès le petit matin s’affaire à tout réparer et consolider, après quelques heures de travail le camp de base est à nouveau vivable.

L’après midi nous décidons d’aller repérer le premier trou.

Nous sommes tout de suite dans l’ambiance, une fois la bédière remontée sur quelques centaines de mètres, on arrive dans un décor incroyable, le travail de l’eau a creusé des trous immenses, les rappels s’enchainent, et nous prenons vite conscience que d’énormes blocs instables et fissurés nous surplombent, nous décidons de ne pas trop trainer.

Nous atteignons un lac gelé, qui signifie la fin du puit, de là, en suivant la ligne d’écoulement des eaux, l’escalade est possible, je remonte le puit depuis le bas, une longueur de 30 mètres presque verticale menant à une immense salle et avec Dim, on continue vers le haut, tout le monde se retrouve au sommet heureux et surpris d’avoir si vite trouvé ce qu’on était venus chercher.

Nous baptisons ce trou « le trou des citrons » , -110m/ grade 5 en glace……

Le lendemain, après être retournés dans le haut du 1er trou pour permettre à Patrick de faire des photos, nous allons visiter le deuxième.

C’est François qui s’élance , je le rejoins , il a l’air quelque peu effrayé par ce qu’il a sous les pieds, ici rien à voir avec le premier, après 40 mètres de rappel, une verticale d’un centaine de mètres nous attend, nous décidons d’effectuer une traversée de 50 mètres vers la gauche pour rejoindre une goulotte qui a l’air grimpable.

On sort « l’artillerie lourde », François fixe la corde statique en artif, qui donne accès à une immense vasque, de là , 80 mètres de rappel nous amène à un lac gelé.

Pour remonter , cette fois ci avec Dim nous sortons la corde, la première longueur fait 40 mètres , de la glace de cascade, très travaillée, pas mal de crochetages, dès que je tape ça se fissure de partout dans un bruit terrifiant.

Deux mètres sous le relais, je craque, François m’envoie la corde, je remonte en tirant dessus, j’avais peur que tout s’écroule….

Dim me rejoint en essayant de taper le moins possible, cette longueur aussi belle qu’exigeante nous aura laissé des traces, ensuite Dim continue dans de la glace très cassante, il se fait tout doux….et avec l’efficacité qui le caractérise rejoint la vasque en douceur…



Pour la traversée, après avoir discuté avec Lionel et Thomas qui depuis le début filment et font les photos, je décide d’essayer de grimper mais en m’assurant sur la corde statique.
La glace est incroyable, une succession de feuillets, dès que je tape, des fissures se créent, la méthode consiste ensuite à verrouiller les lames dedans !!!!

Pour la dernière longueur, François nous dissuade à juste titre de grimper les derniers mètres, à cause de la corniche sommitale, on a eu assez d’émotions pour aujourd’hui…

Avec Dim nous baptisons ce trou: « Cracottes » (-130m/ grade6/ A0) à cause des bruits terrifiants qui nous ont accompagnés tout au long de l’ascension.

Nous rentrons au camp, il fait exceptionnellement doux, autour des 0°….la tempête arrive.

Nous commençons à en savoir un peu plus sur ces trous, sur les différentes qualités de glace, sur la technique à employer, toutes les glaces ne sont pas grimpables même en taillant.

Pour descendre et grimper ces puits, cela demande un gros travail d’équipe, pas mal de discussions, parfois animées, sur les tactiques à employer, le matériel à employer, avec en plus la contrainte de filmer et faire des photos.



Il nous reste encore un trou à aller explorer, forts de nos deux expériences précédentes, nous allons l’aborder plus sereinement.

Demain, janot Lamberton et Luc Moreau devraient nous rejoindre, ils devraient nous apporter leurs expériences respectives de spéléologues et glaciologues.

En attendant la tempête fait rage, il neige, et la tente a cassé de nouveau, la bonne nouvelle c’est qu’avec le redoux le vin rouge et le nutella sont à nouveau consommables………. « 

MANU pour le GMHM

++++

Arrivée au camp de base

25 septembre 2007

Camp de base : dépose l’équipe et son matériel. ©Patrick Robert

Les grimpeurs du GMHM ont quitté Ilulissat et ont installé leur camp de base sur la banquise à une cinquantaine de kms à l’intérieur du Groenland. Les conditions sont rudes mais le moral est bon …

Mardi 25 septembre à 13h30 heure française, 09h30 au Groenland, le téléphone sonne…c’est bien l’équipe de grimpeurs du GMHM qui appelle la base arrière de Chamonix. C’est toujours incroyable d’avoir une liaison aussi reculée et à la fois aussi claire !

Salut Thomas, comment vous vous portez ?

« Écoutes, tout va bien, malgré le froid et le vent qui ne faibli que rarement. Il fait aux alentours de – 15° et 30 km/h de vent au plus faible.

On a réussit à se faire déposer sur la banquise entre deux tempêtes et maintenant nous sommes installés tant bien que mal. La tente mess n’a pas tenue le coup et sur une rafale elle s’est déchirée, on a dû la réparer avec une bâche. Au prochain coup de vent elle ne tiendra pas, on verra…Ici, pour s’abriter c’est très dure !

Hier nous avons mené notre première descente dans un « moulin » proche du camp. Extraordinaire, mais très impressionnant ! On est descendu à – 110 mètres. Manu a réussi à remonter en piolets tractions. C’est une glace très dure qui explose facilement, mais en cherchant des zones plus humides, c’est possible de la grimper.

Pour les prochains jours on poursuit l’exploration et on attend l’arrivée des scientifiques, si le vent se calme un peu ! Voila les nouvelles, passes le bonjour à tout le monde et à bientôt … »

++++

Arrivée et découverte

22 septembre 2007

Bonjour à tous, Cela fait maintenant 3 jours que nous sommes à Ilulissat et nous n’avons pas perdu notre temps. Ces derniers jours ont été occupés à organiser notre départ pour le glacier de l’Inlandsis et à la « chasse aux icebergs ».

Les préparatifs ne sont pas très passionnants mais nous nous activons comme des abeilles dans une ruche afin de ne rien oublier et ne rien négliger. Une fois sur la calotte nous serons totalement autonomes et le moindre oublie se fera sentir.

La « chasse aux icebergs » est quand à elle beaucoup plus attrayante. Hier et avant-hier, nous avons passé nos après midi, armer de nos piolets et crampons, à sillonner la baie de Disco à bord d’un petit bateau à la recherche de quelques uns de ces mastodontes qui puisse se prêter à l’escalade. La tache c’est révélé plus ardu que nous l’aurions imaginé car très peu de ces énormes glaçons sont suffisamment sain pour que nous puissions nous risquer dessus. Cependant, la chance nous à sourie et nous avons, chaque jour, trouvé une ligne d’ascension intéressante. Ces premiers contacts avec la glace de l’Inlandsis nous ont permis de faire connaissance avec l’élément dans lequel nous allons passer les prochaines semaines, la glace millénaire du Groenland, extrêmement compressée qui claque, explose et libère dans de petits crépitements l’air captif à chaque impact sur sa surface.

Ce maraudage entre les icebergs a été aussi pour nous l’occasion de faire connaissance avec des groenlandais de souche : les pêcheurs Inuits. Bien que peu loquaces et ne parlant que très peu l’anglais, le contact est bien passé entre nous et nos gesticulations sur glace les ont bien amusé. Nous en revanche on c’est bien caillé et cela nous à permis de mesurer l’austérité et la rudesse de leur existence.

A travers une petite chronique, Manu nous fait partager ces premiers instants :

« ‘yeaah’, un hurlement de joie retentit dans toute la baie de Disco. L’auteur de ces cris, c’est moi, je viens juste de grimper la structure la plus éphémère que l’on puisse trouver : un iceberg. Je suis assis à côte de Dim, on s’échange un sourire qui en dit long, comme deux gamins qui viennent de faire une grosse bêtise, et le troisième confrère ne tarde pas à arriver, c’est Foué qui n’en croit pas ses piolets.

Trente mètres plus bas, sur le bateau, il y a Thomas et Lionel, derrière nous le spectacle est irréel, des centaines d’icebergs sur la mer de Baffin.

Des sommets on en a déjà foulé des centaines, mais celui là il a quelque chose de spécial : il flotte…..

Tous les cinq, on fait partie du groupe militaire de haute montagne et depuis quelques années nous parcourons les montagnes du monde pour y illustrer les différentes pratiques de l’alpinisme dans le cadre d’un projet baptisé « 7 Continents / 7 Alpinismes ».

Si nous sommes au Groenland en ce moment, ce n’est pas que pour grimper sur les icebergs, mais surtout pour aller sur l’inlandsis, une des plus grande surface glacée au monde et essayer de descendre dans ses profondeurs pour ensuite en ressortir en grimpant comme nous avons l’habitude de le faire sur les cascades de glaces et autres faces nord…….. »

Enfin, pour clore cet épisode, François s’est offert un petit survol en paramoteur d’Ilulissat et du débouche du fjord de Jakobshavn d’où se déverse les icebergs issus de l’Inlandsis.

Voilà, nos images vous permettront de mieux pénétrer ce monde qui est le notre à ce jour. Demain nous partons pour l’inlandsis à la découverte des moulins de glaces et des entrailles du glacier. Nous vous donnerons très bientôt de nos nouvelles.

Vidéo

Groenland 2007- inside a glacier- from gmhm chamonix on Vimeo.