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Hivernale « Ecaille épique », face nord des Droites

Ça y est , enfin… je viens d’en finir avec une phase administrative intense pour le Groupe.
Depuis début décembre, entre la clôture de l’année 2020 et le lancement de la suivante, le rythme a été bien soutenu, pour ne pas dire excessif! Avec mes deux ‘Francois’ (mon adjoint et mon responsable matériel), nous sortons enfin la tête de l’eau…
Car il y a du pain sur la planche pour que la boutique tourne. C’est sans doute la rançon de l’autonomie pour notre petite ‘start up’…

Les grimpeurs ont quant à eux déjà réalisé une superbe saison hivernale avec en particulier deux très belles ouvertures dans le massif du Mont Blanc, ‘Blast’ et ‘Base’, juste en face de la fenêtre du bureau, et quelques belles répétitions dans des lignes de mixtes modernes vers Freyssinières ou kandersteg…
Je suis heureux de voir que le Groupe, sous l’impulsion de l’un ou l’autre, saisit la moindre opportunité pour s’engager là-haut…
Malmenés par une situation covid délicate à laquelle nous sommes tous confrontés depuis un an, nos expéditions tombent malheureusement à l’eau les unes après les autres, mais elles n’ont pas raison de notre motivation et de l’appel des hauteurs. Une nouvelle fois, il semble que l’aventure dépende uniquement de la curiosité et de l’imagination qui résident en chacun.

En ce qui me concerne, nul besoin immédiat d’aller à l’autre bout du monde pour m’immerger dans une aventure incertaine et exigeante! Il suffit que je lève les yeux… Je commence donc enfin à retrouver une certaine disponibilité intellectuelle garante de l’énergie et de la concentration dont j’ai besoin pour m’engager là-haut.

J’ai pour le moment une histoire particulière avec les hivernales. Une histoire assez courte et plutôt glaciale. Lors d’une tentative au Frendo avec Antoine et Alban, il y a deux ans, je me suis gelé les pieds.
La vision de mes orteils noirs lorsque j’ai retiré mes chaussures m’a laissé un souvenir quelque peu traumatisant. Après 3 semaines d’hospitalisation et de caisson entre Genève et Sallanches, 2 mois de pansements et de soins quotidiens, et bien sûr une implication, un travail et une bienveillance réconfortante de la part des soignants civils et militaires, je conserve finalement l’ensemble de mes orteils.
Seule l’articulation de mon gros orteil droit restera fixe, le cartilage ayant gelé en profondeur. Je m’en sors ‘bien’.

Lors de cet épisode peu glorieux de mes débuts au Groupe, il est apparu qu’au delà du comportement quelque peu ‘balistique’ de notre cordée, notre manque de communication avait largement favorisé notre naufrage.
C’est fort de cette expérience que j’aborde la préparation de notre projet avec Didier. Je garde à l’esprit cette nécessité absolue de ‘bien’ communiquer. Et ce n’est pas une mince affaire!
Oser dire les choses même lorsqu’elles risquent de déranger notre compagnon de cordée, qu’il soit d’un point de vue purement hiérarchique, notre subordonné ou même notre chef. En retour, oser les entendre même lorsqu’elles bousculent mes croyances ou agressent mon ego…

Après une demi-journée de discussion et de préparation, nous tombons d’accord sur ce que je crois être la ‘Lesueur’ aux Drus. Alors que nous discutons de la stratégie à mettre en oeuvre et des caractéristiques de la ligne, nous nous tournons vers Arnaud qui l’a déjà tentée.
C’est à ce moment là que nous découvrons, Didier et moi, que nous sommes entrain de nous projeter chacun dans une ligne différente en pensant parler de la même. Didier pense que nous parlons de la ‘Pierre Allain’, tandis que je crois partir dans la ‘Lesueur’.
Elles sont certes l’une à côte de l’autre dans la face nord des Drus et leur typologie est similaire.

Pour autant elles sont bien différentes.

Ça commence mal mes bonnes résolutions!

« Souvent on entend mal ce qu’on croit bien entendre ». Molière avait raison, vive la communication!

Finalement, nous tenterons la Pierre Allain.

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Deux jours après leur retour des Drus, Léo, Thomas et Jordi sont déjà dans les ‘starts’ pour repartir.
Léo propose de nous accompagner Didier et moi. J’attends de rencontrer Léo dans son élément depuis longtemps.
Nous acceptons donc volontiers sa présence, ainsi que sa contre-proposition d’une aventure aux Droites. S’il vient avec nous, autant en profiter pour tenter de s’aventurer dans une ligne plus ambitieuse.

Nous partirons donc répéter «Ecaille épique», une ligne ouverte quelques années plus tôt par Sébastien Ratel, Patrick Pessi et Rémy Sfilio.

Léo souhaite lui aussi me découvrir en montagne, en particulier dans une aventure sur plusieurs jours avec bivouac. Nous travaillons ensemble depuis 3 ans pourtant, nous n’avons toujours pas réussi à nous retrouver là-haut en hiver. Je sais que lui comme moi nous y tenons. D’abord, parce qu’on ne s’entend pas trop mal… mais surtout, parce qu’il s’agit sans doute pour lui d’un test grandeur nature pour vérifier si les projets communs d’expéditions prévues dans quelques mois sont crédibles et compatibles avec mon niveau et l’état de mes pieds, en particulier mon orteil droit.

Comment réagira-t-il sur plusieurs jours à 4000 en plein hiver? C’est aussi un vrai sujet de préoccupation pour moi. Nous préparons donc activement notre affaire.
Je joue les éponges et absorbe le moindre petit ‘truc’ qui me permettra de mettre toutes les chances de mon côté pour réussir l’ascension. J’écoute, je questionne, je prends en compte les remarques, réadapte mon matériel, organise mon sac, traque le moindre gramme superflu… C’est sans doute aussi ce qui avait péché dans ma préparation la première fois.
Le diable est souvent dans les détails, et la dernière fois il a failli me croquer les doigts de pieds!
Léo qui est ‘plutôt’ au point niveau stratégie dans ce genre d’aventure, me transmet avec application toutes ces petites astuces qui font la différence.

La météo annoncée présente finalement un léger risque de perturbation le mardi soir. Nous décidons d’avancer notre départ.
Ainsi le lendemain vers 14 heures, après un ultime passage par la boulangerie, nous remontons tranquillement la ‘Pierre à Ric’. Nous discutons, abordons de nombreuses problématiques en cours toujours pas résolues pour le Groupe: recrutement, choix des expéditions, construction d’équipes, motivations, programmation dans un contexte covid, achat et choix de matériels…

Cette année, toutes les problématiques semblent s’imbriquer malicieusement les unes dans les autres et rendent la conduite du Groupe véritablement complexe. Certaines décisions à prendre dans les 15 jours ont des conséquences directes sur les projets prévus dans 2 ans. J’écoute avec attention leurs visions et arguments et tente d’ordonner toutes ces idées en les confrontant aux miennes et à celles des autres membres de l’équipe.
Il s’agit d’en dégager les meilleures options, ou plutôt les moins mauvaises.
Et j’ai beau être payé pour ça, les décisions me semblent parfois si complexes que je me rêve en Alexandre le Grand, une épée à la main entrain de trancher ce noeud covido-gordien auquel nous faisons face.
Bon pour le moment, force est de constater que je ressemble plus à un homme, de taille ‘modeste’, qui tenterait de couper une entrecôte avec des couverts en plastique…

Nous revenons finalement à notre course et mes deux compères me demandent comment je me sens à la veille de notre combat. Je me sens bien. Je suis apaisé et en forme. Je suis content d’être là, avec eux. J’ai le sentiment d’y aller pour de bonnes raisons. J’y vais d’abord parce que j’en crève d’envie. J’y vais ensuite pour apprendre.

J’émets juste des doutes sur notre plan de descente qui pour le moment ne me dit rien qui vaille. Nous tombons tous les trois d’accord sur le fait que notre crux ‘engagement’ se situera lors de cette descente. Nous envisageons en effet un retour par le Lagarde, à l’extrême gauche de la face nord. Il est donc évident que dans la majorité des grandes pentes de neige raides du couloir, nous désescaladerons de manière autonome et donc sans corde. Les rappels étant impossibles dans ces dernières du fait de l’absence d’ancrage. Personnellement, ce retour ‘en solo’ me fait peur. Je suis toutefois rassuré de sentir chez mes compagnons que ce sentiment est partagé, chacun avec son vécu, son expérience et son niveau d’engagement. Nous convenons que nous prendrons la décision de nous engager dans le couloir à vue de ce dernier et seulement si nous nous sentons tous les trois d’y aller.
Cette liberté de choix me rassure et donne le diapason de notre relation durant 4 jours.

Après un festin de lyophilisé et de saucissons, et une nuit sous tente serrés les uns contre les autres sur le glacier d’Argentière au pied de l’éperon Tournier, nous lançons l’offensive aux premières lueurs du jour. Le temps est superbe. Les conditions semblent bonnes.

Une paroi austère nous surplombe.

Léo avec bienveillance se tourne vers moi pour ‘prendre ma température’. La face de 1000 mètres au dessus de notre tête m’impressionne sans m’oppresser. Je n’ai pas de doute sur ma motivation. Je suis prêt à y aller.

Didier prend la tête et nous emmène par des goulottes de neige et glace raides jusqu’au début des difficultés. Il enchaine ensuite les premières longueurs de mixte. Après 6 mois d’interruption de service, il se débrouille très bien.

En second, je m’acclimate quant à moi progressivement sur le rocher du bout de mes crampons et des lames de mes piolets.

Léo, lui aussi en second, se réveille doucement et se réchauffe en mettant ‘un peu’ de rythme dans chaque longueur pour rejoindre Didier. Une fois arrivé, il lui redonne le matériel, l’assure au reverso pour qu’il puisse repartir directement, tout en continuant à m’assurer!
J’arrive à mon tour au relais généralement quand Didier est déjà 5 à 10 mètres au dessus de nous.
Efficace le bougre!

Difficile néanmoins de trouver sa place et de se rendre utile dans l’organisation générale.
Tout est fait avant même que l’idée de faire me traverse le cerveau.

Peu importe, je me laisse porter et j’apprends. Il y a deux ans, je me serais mis une énorme pression en voyant la vitesse à laquelle il avance.
Mais aujourd’hui, je sais que le contrat est clair.
L’objectif n’est pas de faire un chrono mais de vivre une belle aventure ensemble. Mon expérience du Dry à 4000 en plein hiver est d’ailleurs nulle. Ils le savent tous les deux et l’acceptent. Je trouve donc mes marques progressivement et sereinement. Les montées d’adrénaline dans les passages en traversée où le second est parfois aussi exposé que le premier, sont d’ailleurs une mise en bouche pédagogique déjà intéressante!

Enfin, c’est à mon tour de passer devant. Je me sens libre de refuser. Les fissures sont bien protégeables. Celle qui se dresse devant moi en ascendance vers la droite est même vraiment superbe.

Je me lance.

Je ne ressens aucune pression.

Pourtant la tension dans mon dos est palpable. Je patauge un peu dans ces premiers mètres. A mains nues et en chaussons ce serait débonnaire. Transformé en Wolverine, le départ est malcommode.

Léo et Did’ dans mon dos ne parlent plus. Je les sens concentrés sur mes moindres faits et gestes. Seuls leurs encouragements réguliers viennent ponctuer mes mouvements.
Je les imagine entrain de me regarder grimper, un peu fébrile et hésitant, remontant mon numéro 3 dans la fissure tant que je le peux et de se dire: « bah là si on casse le chef… ».

Les passages à réaliser ne sont sans doute pas si durs. Pour autant, j’en suis quitte pour une belle bataille personnelle.

Léo reprend ensuite la tête au pied des deux dernières longueurs dures de la journée et nous atteignons la vire de neige sur laquelle nous passerons la nuit.

En arrivant et en voyant la taille de la vire, je suis légèrement désappointé !
Mes compagnons m’assurent pourtant que nous tiendrons à peu près tous allongés.

Je reste sceptique!

Quand je pense que Rat’s avait parlé de vires confortables pour 3 personnes !

Tout est relatif!

Le lendemain, après une nuit moyenne, je pars devant dans des longueurs en dry superbes. La veine de quartz et les fissures à sifflet montrent le chemin.
Quelle que soit la discipline, je déteste généralement partir devant dans la première longueur de la journée.
Je me sens toujours mal à l’aise, rarement efficace et j’ai souvent l’impression d’être dans du trop dur pour moi. Le fait de devoir ‘déplier la mule’ me demande toujours un véritable effort.

Aujourd’hui, je ne suis sans doute pas très rapide, mais j’ai le sentiment de faire les choses intelligemment. Je me protège, choisis correctement mon itinéraire, bétonne mes relais.
Le regard de Léo et Didier et leurs encouragements me renforcent.
Je me sens à ma place.
Je ne joue pas un rôle.
Je ne grimpe pas le plus vite possible pour qu’ils soient satisfaits de ma prestation, au risque de faire des erreurs.

Je grimpe pour moi.

J’avance et prends beaucoup de plaisir.

Didier reprend ensuite la tête au pied de la longueur éponyme de la ligne. La fameuse ‘écaille épique’!
Il hésite longuement, protège tant bien que mal et finit par se lancer et passer. Du bas cette longueur m’impressionnait vraiment. J’étais bien content de céder ma place à ce moment-là.
Difficile à protéger, Didier a parfaitement géré ce passage. Je réalise une nouvelle fois la différence d’expérience entre nous et touche du doigt cette capacité qu’ils ont à s’engager dans le mouvement et à lâcher prise.
C’est une belle leçon.
Une longueur particulièrement sordide plus tard, dans laquelle Did’ sera allé assez loin dans ses retranchements, jouant avec des pierres sableuses posées les unes sur les autres dans une cheminée verticale des plus désagréables.

Léo repasse devant et en termine avec la dernière longueur de la voie proprement dite.
C’est dans son sillage et sans perdre de temps que nous remontons les dix dernières longueurs du Tournier, d’abord dans une neige pulvérulente et cornichée, puis dans une traversée en ascendance vers la droite en bonne glace noire plutôt tendre, pour finalement atteindre le sommet de nuit.

Nous basculons de 60 mètres dans la voie normale pour atteindre un bivouac d’anthologie qui cette fois-ci sera à la hauteur de mon imagination.
Baudriers et cordes sous les matelas crevés de Didier et Léo, qui pour ‘préserver le chef’ m’octroient gracieusement le dernier matelas valide, nous nous laissons choir dans nos duvets pour un bivouac à 4000m des plus glacials.
Instant de vérité in situ pour mes petons qui malgré des picotements réguliers auront passé le test !

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Après une nuit dans notre congélateur, nous nous congratulons au sommet sous un soleil vivifiant.

Notre explosion de joie est contenue!

Nous avons tous les trois en tête la descente qu’il nous reste à faire.
Noeud décisionnel: nous avons convenu au bivouac la veille que nous tentions le Lagarde.
Une nouvelle course démarre.

Adieu friends, coinceurs, sangle, pitons… reste à faire en sorte que Perrette soit la seule à faire un faux pas! Corde dans le sac, nous descendons sur l’arête sommitale vers le ‘tremplin d’envol’.
Arrivée au bord du précipice, nous croisons une cordée de CRS qui est en train d’arriver à la sortie du couloir. L’arête déjà bien raide et gazeuse plonge inexorablement !

Je suis vraiment impressionné.

Je sais qu’à partir du moment où nous aurons basculé, je devrai assumer ce choix.

Les deux ascensionnistes semblent intrigués et surpris par notre intention de basculer dans le couloir. Mais voyant nos tenues caractéristiques ‘bleu-blanc rouge’ du GMHM, j’imagine qu’ils ne comptent pas remettre notre choix en question.

Etre au Groupe c’est en effet bénéficier d’un statut social le plus souvent favorable, qui peut rapidement faire perdre pied si l’on se laisse trop bercer par le regard des autres. Dès lors que vous avez le macaron du Groupe sur la poitrine en montagne, et pour peu qu’ils connaissent le Groupe et ne vous prennent pas pour un pompier ou un gendarme du PGHM*, les alpinistes vous considèrent souvent différemment, avec la plupart du temps une certaine forme d’estime. Cet état de fait peut vous tirer vers le haut en vous donnant l’envie de donner le meilleur de vous-même, d’être à la hauteur. Le Groupe oblige qu’on le veuille ou non.
Mais surtout, il peut être particulièrement dangereux si à cause de ce statut vous finissez par vraiment croire que vous êtes infaillible.
L’aura de l’expert? peut être…
De l’ego sur un plateau ? sans doute…
Il est pourtant essentiel de réussir à s’en détacher et de garder la tête froide et les pieds sur terre, préalable nécessaire à une prise de décision de qualité.

D’ailleurs, après coup, notre feedback sera sans appel: ce n’est pas la meilleure idée que nous aurons eu tous les trois en nous engageant avec du monde dans ce Toboggan. Une descente sur Abalakov en face nord aurait sans doute été plus laborieuse mais moins engagée.
Au Groupe, quel que soit notre niveau d’expérience et nos qualités, nous pouvons parfois être confrontés à cette pression sociale. Certains réussissent très bien à s’en détacher.
En ce qui me concerne, je sais que c’est un biais dont je dois encore me méfier. La première réponse est sans doute d’en prendre conscience et de l’accepter, de ne surtout pas se persuader qu’on est au dessus de ça, que le regard des autres n’a pas d’influence sur soi-même.
Il en est sans doute de même pour tous les pièges heuristiques auxquels nous sommes confrontés, même si notre ego souhaite nous faire croire le contraire!
Je ne dois donc pas me laisser empoisonner par cette image qu’on peut parfois me renvoyer, même inconsciemment, mais je sais que je dois rester rationnel et factuel, conscient de mon niveau, de mes forces et de mes faiblesses.
Ce n’est pas parce que je suis au Groupe que ‘ça passe’.
‘Ça passe’ parce qu’après analyse de l’environnement et introspection de mon état de forme et de mes compétences j’estime que ‘ça passe’.

Didier nous assure donc en jouant ‘les corps morts’ derrière l’arête, sur les 20 premiers mètres puis il nous rejoint à un becquet depuis lequel nous descendons en 2 rappels la partie mixte sommitale. Après avoir repoussé l’inéluctable de deux rappels supplémentaires dans des pentes décidément trop raides et trop agressives pour mes yeux, nous rangeons la corde.
Tandis que Didier est déjà rentré dans sa bulle et descend, nous échangeons un regard avec Léo.

Je suis sur mes deux jambes.
J’analyse une dernière fois mon environnement.
Je me sens prêt à y aller.
Le doute n’est plus.

Nous nous lançons dans cette désescalade, chacun à notre rythme dans ces grandes pentes de neige en bonnes conditions, et tracées à la montée par les cordées que nous croisons.

Je suis calme, concentré, appliqué. Tout ce qui m’entoure est à la fois diffus et extrêmement précis.
Je sais exactement où je suis et ce que je suis en train de faire.
Je n’ai plus peur.
Je suis hyper concentré et déterminé.

La seule chose à laquelle je pense c’est à taper mes pieds dans les marches du dessous, tout en prenant appui sur mes deux piolets.

Did’ et Léo m’attendent de temps en temps. Quelques courtes phrases de circonstances, un peu irréelles échangées avec ceux qui montent. Nous perdons progressivement du dénivelé jusqu’aux goulottes de départ qui marquent la reprise des rappels que Léo nous organise de main de maitre, et le retour à la tente où cette fois-ci nous nous congratulons ‘pour de vrai’ mais toujours sans grand débordement de joie ! Sans perdre de temps, nous plions la tente et nous laissons glisser vers la vallée.

Retour aux choses sérieuses et à la vie d’en bas, mais surtout, direction la boulangerie… avec masque et gel hydroalcoolique bien sûr, il ne s’agirait pas de prendre des risques inconsidérés!

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Cba Chevallier