Bernard Virelaude

Pendant combien d’années êtes vous resté au GMHM ?
Je suis rentré en 1994 et l’ai quitté en 2001. 7 ans donc.

Comment êtes vous arrivé au GMHM ? Quelle était votre situation antérieure ?
– SEM 39 (promotion de sous-officier de l’EMHM) avec, entre autre, Eric Gramond.
– Puis 8 ans au 159ème Régiment d’Infanterie Alpine à Briançon où j’ai passé le diplôme de Guide. – 3 ans à la Direction Des Stages à l’EMHM (Ecole Militaire de Haute Montagne), années durant lesquelles j’ai passé mon BE de ski nordique.
– Puis mes 7 ans au Groupe.
– Je suis ensuite retourné à la DDS de l’EMHM où j’ai été responsable pendant 5 ans du stage aspi guide et où je suis toujours actuellement en tant qu’adjoint au directeur des stages.

Quel était votre rôle dans les locaux du Groupe ?
Responsable Équipement.
Ce travail était assez dense durant les expé polaires à cause du manque d’information sur le choix et l’utilisation du matériel. La dimension recherche et contact était très prenante et passionnante. Pendant les phases de préparation d’expédition, on doit être capable à la fois de s’entraîner et en parallèle, de remplir son rôle.

Que pensez vous que votre passage au GMHM vous a apporté ?
Des compétences techniques bien sûr, mais pas seulement : les contacts avec des personnes telles que le Commandant Estève (un visionnaire pour moi qui a toujours su anticiper sur les activités du GMHM)

La diversité des caractères, le très haut niveau technique de personnes avec qui j’ai eu la chance de grimper comme A. De Choudens, la grande maturité « montagne » d’autres comme A. Cayrol, F. Bernard ou JM. Gryzka dont les avis s’avérait toujours justes dans les décisions collectives, les jeunes appelés qui avaient la chance de faire leur service militaire au « groupe » tout cet ensemble m’a permis d’acquérir de la maturité et du recul sur ce milieu naturel.

Les expéditions forgent également l’homme par le terrain, l’isolement, mais aussi au delà de l’aspect sportif un grand enrichissement au travers des gens rencontrés que se soit les habitants des régions fréquentées ou les autres grimpeurs présents sur place.

A quelle expédition du Groupe avez-vous participé ?
Traversée du Groenland (1000km), Pôle Nord, Pôle Sud, alpinisme en Antarctique.
Je devais faire l’Annapurna mais j’ai eu un problème de santé trois semaine avant, problème qui m’a fait quitter le Groupe.

Aviez vous un domaine de compétence spécifique en montagne reconnu par les autres membres du Groupe ?
Je préférais être polyvalent. Le plus calme de la bande !

Comment caractériseriez vous le GMHM ?
La définition que l’on en donne est très juste. Je pourrai rajouter que je constate que le Groupe est un formidable moteur pour l’EMHM cette équipe donne le ton au dessus du point de vue de l’excellence en montagne et crédibilise l’institution militaire dans son ensemble.

Comment les décisions étaient elles prises au Groupe ?
Dans le quotidien à Chamonix, chacun avait ses responsabilités.
Pour les décisions en expé, des objectifs précis étaient fixés avant de partir. C’est ensuite l’ensemble de l’équipe qui donnait son avis quant à leur réalisation sur le terrain. Mais c’est le chef qui tranchait à la fin.
Pour le choix des objectifs, nous voulions à la fois réaliser des objectifs médiatisables auprès du grand public, dans lesquels notre institution militaire se reconnaisse mais aussi, et nous y mettions un point d’honneur, de rester crédible vis-à-vis du milieu des autres pratiquants de la montagne.

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Pouvez vous nous faire partager une expérience marquante que vous avez vécue au Groupe ?
Je ne souhaite pas revenir sur les moments très difficiles. Pèle mêle : l’arrivé au Pôle Sud qui fut un grand moment de bonheur, l’isolement de l’alpinisme en Antarctique (c’est réellement une expérience à part), pour les paysages, les aurores boréales de janvier en terre de Baffin étaient magnifiques et ce malgré les – 40°c que nous endurions pendant ce stage de résistance au froid.

Une histoire qui vous fait sourire ?
Je pense à des petits écureuils du Yosémite qui ont attaqué notre sac laissé au pied d’une voie : après avoir mangés la toile, ils ont avalé tout nos vivres !
Ou le jour ou nous avions été, avec Antoine, voler en parapente du sommet du Mont Blanc sans quelqu’un de diplômé pour nous accompagner. Le Cdt Estève l’a su quelques jours plus tard et nous amis un de ces « «savons » !! En fait, au fond de lui il même, il devait être content que nous l’ayons fait !
Notre stage « Forces spéciales » à Bayonne avec Philippe Renard.

Pouvez vous nous parler d’une expédition en particulier (organisation, problème logistique ou administratif, voyage,…) que vous avez faite avec le Groupe ?
Je peux essayer de parler un peu de la préparation de l’expédition au Pôle Nord et surtout au Canada de notre première rencontre avec Borge Ousland un norvégien qui achevait de faire la traversée que nous projetions. Il venait de se faire récupérer au Pôle Nord et débarquait de l’hélico. Nous étions les premiers êtres humains qu’il rencontrait depuis des mois. Je n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi marqué par l’effort et vraiment semblait revenir de l’enfer !!! Cela nous avait un peu refroidis (c’est le cas de le dire !), nous avion bien discuté avec lui parlé de notre projet et il semblait dubitatif sur nos chances. Un an et demi plus tard après notre réussite nous avions dîné avec lui et là il nous à traité d’égal à égal, le GMHM peut être fier de cela. En plus des contacts avec les compagnies de transport locales pour la logistique, nous avons travaillé avec l’IMASSA pour concevoir des régimes alimentaires adaptés à chacun et pour une série de tests physiologiques sur la résistance au froid.
A l’inverse des Norvégiens axant leur nourriture sur 65 à 70% de lipides, notre régime alimentaire était fondé sur une répartition équilibrée des composants nutritifs. Dans le même esprit au titre que notre préparation physique, des gens extérieurs au Groupe s’entraînaient pour ce type d’expé de manière rébarbative par exemple en tirant des pneus dans la forêt, ou en « bourrinant » pas mal !. Ma préparation physique, commune avec celle d’Antoine de Choudens et Jean Marc Gryzka, était faite de l’association de la pratique de la montagne et de musculation spécifique en salle sur les groupes musculaires les plus sollicités. La montagne accoutume au froid, forge l’esprit et en plus, permet le maintient du niveau technique. En s’entraînant sans se poser de trop grosses contraintes et en réfléchissant notre alimentation, nous avons su garder le moral pendant ces expés dures et répétitives. Je considère que nous avons réussit sur le plan de la préparation matérielle, alimentaire, physique, et pendant l’expé dans l’essentiel : sur le plan humain.

Quel est votre meilleur souvenir au Groupe ?
Pas de meilleur souvenir particulier. Un des meilleurs moments est la réussite de ses premiers projets au Groupe, c’est alors là que l’on se sent à sa place, que l’on a remplit sa tache et que l’on est en phase avec la mission. Des moments magiques, il y en a eu plein en montagne.

Quel est, à votre avis, le principal enjeu du GMHM pour les prochaines années ?
Le plus difficile avec les objectifs généraux au GMHM est de trouver la chose en phase avec la hiérarchie, le grand public, et les gens du milieu montagne. L’objectif actuel « d’alpinisme exploratoire » est une très bonne idée à mon avis. Agir en partenariat avec d’autres groupes similaires étrangers.

Souhaitez vous évoquer quelque chose en particulier dont nous n’avons pas parlé ?
Je suis très fier et heureux de mon passage au GMHM. Il m’a permis de rencontrer des gens qui sortent des normes. Les appelés étaient une grande richesse du Groupe et permettaient de garder le contact avec l’extérieur, avec le milieu : c’est une bonne chose que ce rapport soit encore cultivé.