Dépose en avion

Expé en Alaska

Dépose en avion
Dépose en avion

C’est vendredi 18 Avril que nous (Equipe Excellence FFCAM) décollons de Lyon pour rejoindre l’Alaska. Après 24 heures de vol et trois escales nous arrivons enfin à Anchorage. Une fois sur place pas le temps de chômer, il faut faire les courses pour pouvoir rester 25 jours en autonomie sur le glacier. Nous nous dirigeons plus au Nord pour rejoindre Talkeetna. Après un jour supplémentaire de préparation nous pouvons nous faire déposer sur le glacier avec ces merveilleux petits avions.

Sur place le cadre est génial, un glacier blanc de blanc et de magnifiques montagnes. Nous nous empressons de monter le camp, pour partir au plus vite en montagne, puis nous avons profité d’un petit créneau météo pour aller nous dégourdir les jambes dans le couloir des Japonais au Barille. Puis une belle période de mauvais nous bloque quatre jours au camp sous la neige.

Enfin la météo parle d’un joli créneau que nous décidons d’exploiter à fond, nous nous séparons en deux groupes. Un premier groupe, composé de P. Pessi, M. Maynadier, M. Détrie et S. Ibanez, décide de tenter l’ouverture de l’arête N/E du Dickey, pendant que nous, F. Gentet, F.Delas, D. Tomasi et moi-même partons pour répéter le Pilier Roberts (1600m, 5.9 A3).

Nous partons à ski vers 3 heures du matin, il fait froid, les skis glissent très bien, nous atteingnons la face en une demie heure. Le premier jour il fait beau, nous pouvons même faire trois longueurs en chaussons (les seules de la voie). Vers 20 heures nous trouvons une superbe vire de bivouac. Tout va bien le moral est bon, nous regardons l’altimètre et nous constatons avec surprise que nous avons parcouru seulement 300 mètres sur les 16000. Nous prenons alors toute la mesure de la voie, nos deux bivouacs prévus seront insuffisants, nous allons devoir nous rationner.

Le lendemain le beau temps nous aide à partir vers les 8 heures, l’escalade est mixte, soutenue et agréable, puis le temps se dégrade et Titi se bat dans une longueur d’A3 en rocher graveleux, qui nous permet d’atteindre encore une belle plate-forme dans le mauvais temps vers 22 heures.

Au lever tout est gelé et le mauvais temps persiste, les copains ont fait demi tour dans l’arête au vue de la météo. Nous continuons, l’escalade devient délicate, les fissures se bouchent, le rocher est moins bon, l’itinéraire devient complexe, en effet nous perdons une heure pour trouver un pendule pas des plus engageant. La neige persiste et nous fatigue, vers 22 heures nous n’avons toujours pas trouvé de vire de bivouac, nous décidons de fixer toutes nos cordes et de redescendre d’une centaine de mètres pour bivouaquer. Nous y arrivons très fatigués aux alentours de minuit. Nous doutons un moment, quant à nos capacités d’arriver au sommet.

Au lever, le soleil nous redonne confiance, nous remontons les cordes fixes et j’attaque une grande longueur d’artif. Quatre heures trente de combat plus tard j’en termine avec elle bien éprouvé. Enfin les autres se relayent pour terminer les cinq dernières longueurs qui permettent d’atteindre les 300 derniers mètres de pente en neige. C’est finalement vers 1 heure du matin que nous arrivons au sommet. Nous attaquons la descente après avoir bu une petite soupe, et c’est à 5 heures que nous nous écroulons dans nos tentes au col du Dickey.

Au lever les copains sont là avec du thé et des cookies, merveilleux !

Puis vient une période de mauvais, les filles et Moulinos nous rejoignent après avoir réalisé deux belles goulottes : Ham & Eggs et Shaken. Nous partons alors dans une originale goulotte ouverte dans la semaine par des Norvégiens, tandis que les autres repartent dans l’arête. Ils la graviront en cinq jours et cette fois c’est nous qui les rejoignons au col pour leur amener des vivres.

Les filles signent une dernière réalisation, la goulotte Escalator au Johnson en trente heures non stop.

Enfin notre petit avion vient nous chercher et nous ramène à la civilisation. C’est ainsi que nous pouvons découvrir pendant cinq jours les grandes étendues sauvages de ce pays, avant de rentrer en France.

Seb RATEL