L'ADJ Bayol en approche au camp de base

Shishapangma

Présentation :

Pays : Chine
Région : Tibet – massif du Gosainthan (dans lequel Hergé place l’action de l’album « Tintin au Tibet ».)
Accès : Depuis Kathmandu au Népal, deux jours de route permettent d’atteindre la frontière avec la Chine que l’on franchit au « pont de l’amitié » près de Kodari (Népal). Quelques kilomètres de route supplémentaires amènent au village de Nyalam d’où part le trekking pour le camp de base.

Programme :
05 septembre : vol Paris – Kathmandu
07 au 09 septembre : transfert Kathmandu – Nyalam
14 Septembre : arrivée au camp de base (5300m)
17 Septembre : arrivée au camp de base avancé (5800m)
19 au 25 Septembre : acclimatation
26 Septembre au 20 Octobre : tentatives sur le Shishapangma.
21 octobre : trekking de retour.
24 Octobre : vol Kathmandu-Paris.


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Objectifs :

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Le Shishapangma est le quatorzième sommet le plus haut du monde. Il culmine à 8027 m.
Son imposante face Sud, haute de 2400 m, est un objectif majeur pour les meilleurs himalayistes mondiaux.

A partir du camp de base avancé situé sur une moraine au pied de la face Sud-Ouest du Shishapangma, quelques voies parcourent la face mais des possibilités d’ouverture existent encore.
L’objectif principal est d’effectuer l’ascension en style alpin.
Le groupe militaire de haute montagne prévoit de se scinder en 2 équipes de trois à quatre alpinistes et de tenter un ou deux itinéraires dans la face. L’ouverture de la ligne de dièdre à gauche de la voie coréenne (2) constitue le premier projet, la répétition de la voie anglaise (4), le second.

Bien entendu les conditions dicteront sur place le choix des itinéraires. Les avalanches sont nombreuses lors des chutes de neige et sont la cause principale des échecs dans cette face.

Les voies de la face Sud-Ouest :
-1. Couloir de gauche (Loretan/Troillet/Kurtyka) 1990
-2. Voie coréenne 2002
-3. Pilier central (Stremfelj/Kozjek) 1989
-4. Couloir de droite (Scott/MacIntyre/Baxter-Jones) 1982
-5. Wielicki 1993
-6. Corredor Girona (Permane/Figueras) 1995

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L’Equipe :

Le haut niveau physique et technique de chacun des membres de l’expédition s’associe à une cohésion sans faille et une entente parfaite, fruit d’entraînements communs réguliers dans les conditions les plus difficiles. La force du GMHM réside dans le souci continuel d’exploiter les compétences de chacun au profit du groupe. Le meilleur exemple est la dernière expédition du GMHM au Kamet en 2012. L’ouverture de la voie « Spicy Game » dans la face Sud-Ouest de ce sommet Indien (7756 m) a été récompensé par un piolet d’or.

Cette expédition sera la première tentative sur un sommet de plus de 8000 m pour tous les membres du Groupe. L’occasion de se tester à la très haute altitude en vue des prochains projets en oxygène rare.

Les membres de l’expédition :

-Capitaine Lionel Albrieux (Chef d’expédition)
-Commandant Valentine Malavoy (Médécin d’expédition)
-Commandant Jean-Yves Igonenc
-Capitaine Didier Jourdain
-Adjudant-chef Sébastien Bohin
-Adjudant Sébastien Moatti
-Adjudant Arnaud Bayol
-Chasseur Antoine Bletton
-Chasseur Max Bonniot

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Le dossier de presse :

Dossier de presse

La sortie du piège

Publié le mercredi 23 octobre 2013

Vendredi 18 :

Alors que notre visa chinois pour le Tibet arrive à terme le 20, nous décidons de partir le lendemain pour Nyalam avec l’espoir de faire la descente dans la journée. Les yaks ne peuvent pas monter et nous devons laisser tout notre matériel en attendant que la neige fonde mais nous n’avons pas le choix, il nous faut franchir la frontière avant l’expiration de notre visa.

Rien n’est certain avec les quantités de neige qui sont tombées, mais nous partirons tout de même léger, sans tente ni sac de couchage, pour être plus rapide. Dans la pire des situations nous ferons un bivouac de fortune, nous avons une pelle et un réchaud.

Samedi matin, réveil 4h, petit déjeuner et départ à 5h. Heureusement que 2 jours plus tôt nous avons fais la trace sur les premiers kilomètres avec le commandant Jean-Yves Igonenc et l’adjudant Sébastien Moatti, cela nous permet d’avancer rapidement et sans trop d’effort la première heure et demie. C’est un échauffement pédagogique pour ce que la suite nous réserve.

Le jour ne s’est pas encore levé que nous nous retrouvons dans une couche de nuage sans visibilité et avec une légère précipitation de neige. Nous naviguons à l’instinct, cherchant tout en conservant la bonne direction à emprunter les pentes les plus propices à faire la trace. L’épaisseur de neige est telle que nous nous enfonçons souvent jusqu’au ventre et parfois nous perdons pieds dans les zones de bloc rocheux qui forment de véritables pièges. Nos rampons alors sur la neige sur plusieurs centaines de mètres pour franchir ces zones dans les meilleurs conditions: un véritable parcours du combattant éprouvant physiquement et psychologiquement. Heureusement la bonne humeur reste de mise et les plaisanterie fusent à tout va.

Enfin, au bout de neuf heures d’effort et alors que le jour qui s’est levé ne nous a apporté jusque là aucune visibilité, nous approchons de l’endroit ou il y a 37 jours nous avions bivouaquer avec les yakmen lors de notre montée au camp de base. À cet endroit nous avons droit aux premières éclaircies et brutalement le manteau neigeux diminue pour atteindre une quarantaine de centimètre. Faire la trace devient aisé et nous sommes rassuré: ce soir nous sommes certain d’être à Nyalam.

Finalement nous arrivons à Nyalam 13h après avoir quitté le camp de base. Juste pour l’heure du repas.
Nous retrouvons notre officier de liaison, qui après quelques tergiversations fini par nous proposer de descendre directement à Zangmu pour passer la nuit et être plus tôt demain au poste frontière de Kodari. Nous acceptons bien volontiers.

Dimanche 20 nous passons la frontière à 11h30 et nous retrouvons Tendi avec lequel nous prenons la route pour Kathmandu. Nous arrivons à Kathmandu en fin de journée, bien heureux de retrouver le confort d’un hôtel décent, d’une bonne douche et d’un bon lit.

Maintenant nous patientons à Kathmandu. Nous prenons régulièrement des nouvelles des conditions de la montagne au Tibet car nous avons du abandonner tout notre matériel au camp de base et nous espérons pouvoir le récupérer rapidement. Malheureusement les quantités de neige sont encore trop importantes pour que les yaks puissent monter au camp de base et l’espoir de récupérer nos affaires avant de rentrer est maintenant totalement nul.
Nous attendons patiemment le retour en France prévu vendredi.

Toute nos pensées sont tournées vers nos familles que nous sommes impatients de retrouver.

Capitaine Lionel Albrieux

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Retour au camp de base

Publié le mercredi 16 octobre 2013

Mercredi, 16 h :

Le commandant Jean-Yves Igonenc et l’adjudant-chef Sébastien Bohin sont harassés. En quatre heures, à eux deux, ils n’ont réussi qu’à remonter un kilomètre en direction du camp de base avancé. Le soleil a remplacé les trombes de neige et c’est dans la fournaise, à plus de 5000 mètres d’altitude, qu’ils tentent de tracer un passage.
De leur coté, les grimpeurs du camp de base avancé font de même. La tache est si pénible qu’ils laissent leurs sacs le long du parcours. C’est seulement après 8h30 d’effort qu’ils arrivent à rejoindre les deux hommes du camp de base. Par temps sec, il leur aurait fallu à peine 2 h.

Ce soir, tout le monde dort au camp de base. Demain, il faudra remonter récupérer le reste du camp de base avancé, puis continuer la tranchée en direction de la vallée…

Commandant Jean-Yves Igonenc, par téléphone.

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Dans la queue du cyclone Phailin

Publié le lundi 14 octobre 2013

Comme l’avait prévu Yan, notre routeur météo, depuis hier en milieu d’après-midi, il neige. Afin de pas louper un éventuel créneau, deux cordées accompagnées par le capitaine Albrieux et le médecin Malavoy se sont positionnées au camp de base avancé.

Mais l’ultime tentative vers le sommet du Shishapangma n’aura pas lieu.

3 heure du matin. Cette nuit, la tente mess, la cuisine et la tente informatique s’écroulent. Nous ne disposons que de deux ridicules pelles pour déblayer dans l’urgence la neige qui n’arrête pas de tomber. Une routine s’installe pour la journée avec l’adjudant-chef Bohin : déneigement, quelques minutes de pause devant un peu d’eau chaude, puis c’est reparti. Une fois la dernière tente dégagée, il faut revenir vers la première à nouveau ensevelie. Nos panneaux solaires sont bien ridicules connectés à nos batteries déchargées.

A midi, le camp de base avancé nous appelle. Leur problème est différent. Coté déneigement c’est plus simple, une seule tente, une pelle par personne et beaucoup de bras. Par contre, leur retour vers nous est plus problématique. Bien acclimaté et par temps sec, il suffit de 2 heures pour redescendre en suivant les cairns sur un large plateau sans vrai relief. La cuisine Mais avec un mètre de neige et sans visibilité, c’est une autre histoire. Yan, nous annonce du beau, alors ils patientent jusqu’à demain. Une longue trace à pieds les attend…

Ils viennent de téléphoner à l’EMHM. A l’heure de la cérémonie des couleurs sur Chamonix, depuis leur campement isolé, ils ont entonnés en cœur la Marseillaise. Le moral est bon.

Nos visas s’arrêtent dans quelques jours et nous n’aurons malheureusement pas d’autres possibilités d’envisager le sommet. Pour l’heure, vu les conditions de vent et de neige, aucune déception ne s’est installée dans le groupe. Dans quelques jours les yaks devaient nous rejoindre pour redescendre le matériel du camp de base. Vu les hauteurs de neige, l’aventure est loin d’être finie…

Commandant Jean-Yves Igonenc, par téléphone.

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Sursun Ri

Publié le vendredi 11 octobre 2013

Aux chutes de neige conséquentes des derniers jours s’ajoute un fort vent de Nord. Les températures chutent au Camp de Base et l’automne semble s’installer sur le Tibet. Panaches et rouleaux alternent au sommet du Shisha. Dans les pentes Sud du Pungpa Ri, épaule du 8000 tant convoité, les départs de plaques de neige froide sont impressionnants.

Sursun Ri depuis le camp de base

Mardi 8 octobre, vers 6h du matin j’entends des bruits de pièces métalliques et de plastique s’entrechoquer. Yan nous avait annoncé un fort vent en altitude, mais nous ne nous attendions pas aux violentes bourrasques de vent qui, cette nuit au camp de base, ont plié nos tentes au point que leurs toits nous frôlent parfois le visage. Un peu inquiet pour nos affaires, je m’extirpe de la chaleur du sac de couchage. Une fois dehors, j’inspecte le camp dans le halo de ma frontale. Tout parait en bon ordre. Puis soudain, alors que j’émerge de mon demi-sommeil, je réalise que notre grosse tente dôme a non seulement changé de place mais qu’elle est également à l’envers. Elle était pourtant lourdement lestée de tout notre matériel collectif : caisses médicales, informatique, valise satellite, matériel photo et vidéo, nourriture, matériel d’alpinisme, etc.

Je vais rapidement constater les dégâts. Le spectacle à l’intérieur de la tente est triste à voir. La tente a parcouru une vingtaine de mètres et a été stoppée dans sa course par les drapeaux à prières qui sont tendus entre la tente cuisine et la tente mess. Je m’assure que la tente ne risque pas de partir plus loin et je retourne me coucher. Dans deux heures il fera jour et plus rien ne presse pour remettre la tente en ordre. En me glissant dans mon duvet, je pense à l’adjudant Sébastien Moatti et au chasseur Max Bonniot qui bivouaquent au camp de base avancé avec pour projet de partir ce matin tenter l’ascension du Sursun Ri (nommé Triangle Peak dans le livre des anglais Scott, Mc Intyre et Baxter-Jones).

Dès les premières lueurs du jour, nous nous attelons à remettre de l’ordre dans les dégâts de la nuit. Finalement, il y a moins de casse que ce que l’on aurait pu le croire. Les panneaux solaires fixés sur la tente ne sont pas trop endommagés et fonctionnent encore, le plus gros problème semble venir du BGAN (valise satellite) dont le câble d’antenne a été arraché des deux côtés. Heureusement, Didier vient à bout de ce problème dans la matinée.

Vers 12H30, comme prévu la veille, Didier, Arnaud, Antoine et Sébastien Bohin quittent le camp de base pour Nyalam où il est prévu qu’ils passent quelques nuits pour se refaire une santé après ce long séjour que nous venons déjà de faire en altitude. Notre camp de base est à 5300m et y séjourner fatigue les organismes.

Au camp de base nous restons en effectif restreint afin d’assurer le suivi de la cordée Moatti-Bonniot : notre cuisinier népalais et son aide tibétain, le docteur Valentine Malavoy, le commandant Jean-Yves Igonenc et moi. Nous suivons régulièrement leur progression à la jumelle et vers 16h, nous recevons un appel téléphonique de leur part. Ils sont à mi-hauteur de l’ascension, au pied de la partie neigeuse, et installent leur bivouac. Ils comptent atteindre le sommet demain.
Un peu plus tard nous avons le capitaine Didier Jourdain au téléphone. Ils sont bien arrivés à Nyalam. Tout va bien.

Au camp de base, nous passons la journée du mercredi 9 à scruter Triangle Peak où la cordée Moatti-Bonniot évolue avec rapidité et efficacité vers le sommet. Alors que les forts vents d’altitude font, au Shishapangma, un panache de plus d’un kilomètre, eux semblent épargnés par l’orientation de leur face et la moindre altitude du Triangle Peak. Vers 14h, nous avons le plaisir de les voir franchir la corniche sommitale et 30 minutes plus tard nous recevons leur appel téléphonique : ils sont au sommet ! Nous sommes heureux pour eux et nous les félicitons chaudement.
Toujours à l’affût, nous les observons de retour à leur bivouac du matin vers 17h. Ils n’ont pas traîné dans la descente mais ils ont visiblement décidé de redormir là ce soir. Ils doivent être bien fatigués, ce dont nous n’aurons pas la confirmation par téléphone car les lois de la communication satellitaire sont parfois capricieuses.
Nous joignons cependant l’équipe de Nyalam à laquelle nous annonçons la bonne nouvelle et qui nous demande de transmettre à Seb et Max leurs félicitations pour cette belle ascension dès que nous arriverons à les joindre.

Jeudi 10, Sébastien et Max arrivent au camp de base vers 14h. Nous déjeunons ensemble en écoutant le récit de leur ascension. Suit un après-midi de farniente bien mérité pour eux et un peu moins pour nous.
Le soir nous avons la liaison avec l’équipe de Nyalam qui nous confirme leur remontée au camp de base pour le lendemain.

Capitaine Lionel Albrieux

Sursun Ri l’ascension

Itinéraire sur le Sursun Ri

Ici au Camp de Base, la routine commence à être difficile à supporter. Avec l’adjudant Sébastien Moatti nous décidons de monter dormir au Camp de Base Avancé, récupérer notre matériel et nous lancer dans une aventure en rive droite. D’une altitude plus modeste, les sommets d’en face semble pourtant alléchants. De plus, étant exposés directement au vent, ils semblent moins dangereux d’y grimper.

Nous jetons notre dévolu sur le Sursun Ri, pyramide de 6535m. Sa face Est, une belle arête de neige entrecoupée d’un ressaut mixte devrait pouvoir nous mener à l’imposant champignon sommital.

Le lendemain, à travers les moraines du Nyanang Phu Glacier nous nous frayons un chemin de fourmi, esquivant les lacs et les pentes abruptes de ce glacier noir. Les pelouses rousses de la rive droite ne sont atteintes qu’en fin de matinée. Nous escaladons alors vires et pierriers. S’y déplacer est aisé. Pour preuve, nous suivons cinq faisans qui nous montrent la voie dans la fameuse Dindon’s Ledge. Nous qui pensions ouvrir…

Nous installons un bivouac cosy à 5900m au départ de l’arête de neige proprement dite. Abrités d’un gros bloc, nous passons une nuit correcte malgré de puissantes rafales.

Il fait encore noir le lendemain lorsque nous remontons cette esthétique échine neigeuse. Le spectacle du lever de soleil sur l’Himalaya ne tarde pas à éclater. Everest, Lhotse, Makalu, Cho Oyu, plus à l’Est le Gauri Shankar et nos copains qui doivent grimper dans ses contreforts. Il est 10h30 lorsque l’arête se décide à buter sur le verrou. C’est à mon tour de passer devant et je pars dans ce court dédale mixte avec appréhension. Au-dessus de nous l’arête se redresse et l’escalade semble délicate. La remontée d’un plaquage sur le fil, aux protections saines, donne accès à une courte mais teigneuse traversée en rocher, chauffée par le soleil de midi. Le passage en dry parait osé sur ces bossettes. Profitant de la douceur qui règne à 6300m, je retire mes gants et me surprend au plaisir d’arquer ces excroissances de beau granit.

Une petite envolée cardiaque plus tard je suis au relais, essoufflé mais content de gouter aux joies de la grimpe à cette altitude. Séb ne tarde pas à relayer dans une traversée mal commode où la neige posée sur les rochers nous réserve quelques petites décharges. Ce dernier relai nous offre accès aux pentes sommitales que nous remontons avec la technique déjà éprouvée des 5 appuis.

150 mètres de pentes en neige raide et exposée entre de beaux ice flutes nous déposent au pied de la massive meringue sommitale. 20 mètres de strates déversent au-dessus de nous. Ces empilements d’années compactées semblent évitables par un petit col. Quelques pas en versant Sud nous offrent la primeur du sommet.

Derrière nous, les volutes du Shisha semblent nous narguer, mais nous sommes quand même heureux de profiter de cette pause. Il est 15h, pas de vent, un panorama unique s’étend sous nos yeux émerveillés. Nous savourons la chance d’être ici avant de redescendre vers notre refuge de toile puis le lendemain, au camp de base où nous attend le reste de l’équipe.

Chasseur Max Bonniot

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Fin de l’acclimatation

Publié le vendredi 4 octobre 2013

Cela fait maintenant 21 jours que nous avons établi notre camp de base au pied du Shishapangma et que nous nous acclimatons pour gravir sa face sud-est.

Les différentes phases de notre acclimatation ont pris fin il y a 2 jours lorsque nous sommes redescendus du camp de base avancé après que les alpinistes du groupe, scindés en deux équipes distinctes, soient montés en direction du Pumgpa Ri pour les uns et du Shishapangma pour les autres jusqu’à une altitude de 7000 mètres.

Bien que cette dernière phase d’acclimatation ai été écourtée d’une journée par l’arrivée de la neige, les alpinistes se sentent maintenant prêts pour se lancer dans l’ascension du Shishapangma et de ces 8027m dès que les conditions météorologiques et nivologiques seront favorables.
Actuellement nous sommes au camp de base à 5300m subissant depuis deux jours une météo médiocre et guettant dans le ciel, et les prévisions météo de Yan Giezendanner, la fenêtre météo favorable à l’ascension tant convoitée.
Ce sont l’adjudant-chef Sébastien Bohin et l’adjudant Sébastien Moatti qui, au travers de leurs récits, vous font partager ces deux derniers jours d’alpinisme et d’acclimatation vécu avec leurs compagnons de cordée.

Capitaine Lionel Albrieux

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Équipe en acclimatation sur le « Shishapangma »

La majorité de l’équipe souhaite finaliser son acclimatation sur le Pungpa Ri, respectant ainsi le protocole établi par nos illustres prédécesseurs britanniques, auteurs de la première de la face sud-ouest du Shishapangma. Ne respectant rien, je souhaite brûler cette étape et partir directement dans le vif du sujet, à savoir la face en elle-même. L’idée serait de monter passer deux nuits au-dessus de 7000m afin de se rendre compte des conditions et de repérer des emplacements de bivouacs idéaux pour une ascension ultérieure, tous ensembles. Évidemment, si la possibilité de rejoindre le sommet se présente, il serait dommage de s’en priver. Je trouve en la personne du chasseur Max Bonniot le partenaire motivé pour m’accompagner.

Le matin du départ, nous traînons un peu sous la tente mess pour apprécier ce moment où l’équipe est réunie, dans la relative chaleur d’un abri solide. Il faut se décider à partir. Nous chargeons nos sacs trop lourds et prenons la direction qui nous semble être la bonne.


Un brouillard épais limite la visibilité à quelques mètres. Pour nous orienter, sans repères, nous faisons confiance à notre sens de l’orientation de montagnards expérimentés. Bien mal nous en prends, après une dizaine de minutes, nous apercevons, pendant quelques secondes, un sommet neigeux que nous désignons unanimement comme n’étant pas le Shishapangma. A notre grand désarroi, nous sommes obligés d’admettre qu’il s’agit du Pemtang Ri, autrement dit, le sommet à l’opposé de la direction vers laquelle nous sommes censés nous diriger. Nous sommes revenus à quelques mètres de nos tentes, après avoir effectué une très jolie boucle nocturne autour du lac du camp de base avancé. Heureusement, personne ne nous a vu ! Nous repartons cette fois dans la bonne direction et seuls quelques chaos de blocs mettent à mal notre progression.

Nous prenons pied sur le glacier au lever du jour et sommes à l’attaque de la première pente une dizaine de minutes plus tard.
L’altitude est proche de 6000m. Le sommet n’est que 2000m plus haut et parait à portée de main…paraît seulement. Les premiers déchets abandonnés par les expéditions antérieures nous rassurent, signes d’humanité dans cet univers froid et hostile.


La rimaye est survolée et les premières centaines de mètres avalées au pas de course par un Bonniot sur-motivé. Moatti a beau être sur-motivé aussi, les centaines de mètres suivantes sont un peu plus poussives. La technique d’ascension de pentes himalayennes sur cinq points d’appui est de plus en plus de rigueur. Pour les novices, les cinq points sont deux crampons, deux piolets et surtout… un casque. Tant bien que mal, surtout mal, nous prenons pied sur une fine arête vers l’heure du déjeuner.


C’est le point que nous nous sommes fixés pour passer notre première nuit. L’emplacement est étroit mais largement suffisant pour déposer notre abri et déballer nos sacs. Il est toujours surprenant de voir à quel point la contenance additionnée de deux sacs de 38 litres arrive à occuper la moitié d’une tente de 2m3. Nous sommes entassés, le soleil tape fort et nous nous sentons comme des tomates sous serre, ces tomates qui ne voient jamais la terre. Incrédules, nous constatons une température de 35°C à… 6500m. Notre alimentation n’a rien à envier à celle des tomates, il faut vraiment se forcer pour l’ingurgiter. Seul élément de gaieté dans ce désert gustatif, quelques bonbons et un petit Emmental « emplastiqué » dilué dans la soupe.


La nuit se passe bien, nous purgeons nos vessies en nous contorsionnant pour nous extirper de la tente. Le demi centimètre de givre qui tapisse la paroi en profite pour migrer sur et dans le sac de couchage du voisin. Le voisinage immédiat de séracs joufflus se délestant régulièrement de quelques tonnes de glace, fini de faire de notre nuit un long pointillé, malgré tout réparateur.


500 mètres et une demi-journée d’ascension plus loin, dans des conditions similaires à celles de la veille, nous sommes à 6990m. Nous terrassons notre second emplacement.


Les traces humaines sont toujours là. Il est consternant de constater que des « alpinistes »ayant à peu près les même motivations que nous, celles de la ligne et du sommet, n’aient pas tout à fait les mêmes méthodes et justifient l’emploie de kilomètres de nylon. Plus grave, une fois l’objectif atteint, ou non, ils ne jugent pas utile de descendre ce qui leur a permis leur réussite.


Du coup, la voie anglaise que nous suivons, considérée comme une référence d’un style alpin pure, se trouve polluée par une série ininterrompue de cordes fixes (nous en compterons jusqu’à sept en parallèle) sans compter les centaines de pieux à neige, pitons, mousquetons, toiles….qui ne sont que la partie apparente de cet iceberg de déchets. La montagne essaie de cacher les restes sous son épaisseur de glace. Ce matériel, qui vieilli mal, ne nous est d’aucune utilité, si ce n’est de nous donner vaguement l’itinéraire à suivre.


Il nous reste plus des deux tiers de nos réserves en nourriture et en gaz. Nous sommes en forme et convaincus de transformer cette simple montée d’acclimatation en sommet… certes un peu volé.
Nous allumons notre téléphone satellite et les messages météo commencent à s’afficher. Nous les déchiffrons, ils sont alarmistes. Dans nos esprits, l’envie d’aller au sommet, et les efforts qu’il a fallu déployer pour en arriver là, se confrontent à l’appréhension de se retrouver piégés 1000 mètres au-dessus du glacier. Il est 15h30, nous avons le temps de descendre et nous choisissons cette option de bon sens.

Nous sommes à vue des frontales du camp de base avancé alors que les dernières clartés du jour s’estompent. Nous revenons sans sommet, maudissant notre, pourtant si cher, routeur météo. Nous savons cependant qu’il a raison et que nous avons aussi eu raison de prendre cette décision.

Adjudant Sébastien Moatti

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Équipe en acclimatation sur le «Pungpa Ri» :

Camp de base avancé (5600m).

5 heures du matin, le réveil est difficile mais l’air vivifiant ainsi qu’un bon petit déjeuner à base de pancakes et omelettes lance cette journée idéalement.
Nous avons décidé, afin de peaufiner notre acclimatation, de nous lancer sur les traces de Sir Doug Scott. En effet, avant de réaliser la première ascension de la face sud-ouest du Shishapangma en style alpin, il s’était acclimaté sur le Pungpa Ri (7495m) en compagnie de Roger Baxter-Jones et Alex Macintyre.


Un topo sommaire nous laisse présager d’une ascension sans grande difficulté technique. Un mélange de pentes de neige entre 35° et 50°, un col, un peu de mixte pour prendre pied sur l’arête sommitale. A priori idéal pour s’acclimater….
Quelques centaines de mètres au-dessus de la rimaye un petit couloir, coincé entre un sérac et du rocher, nous dépose dans une combe.


Physiquement c’est extrême, nous traçons à tour de rôle dans la neige profonde jusqu’à 6750 mètres. Un petit éperon neigeux salvateur nous permet d’installer nos deux tentes.


Ce n’est vraiment pas l’endroit idéal pour bivouaquer mais nous ne pouvons faire un pas de plus. Au matin nous continuons notre « tranchée » en direction du col (6950m). Nous voulons poser notre bivouac sur le début de l’arête sommitale (7100m) puis faire le sommet, léger, le lendemain.


Malheureusement la météo se dégrade et dans le doute nous appelons Yan Giezendanner, notre routeur de météo France, qui nous confirme que les prévisions sont mauvaises. Il faut renoncer au sommet.


Vers 7050 mètres nous prenons la direction du camp de base, frustrés mais conscient d’avoir pris une sage décision.


Adjudant-chef Sébastien Bohin (capitaine Didier Jourdain, adjudant Arnaud Bayol, chasseur Antoine Bletton)

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Histoire d’alimentation

Publié le lundi 30 septembre 2013

Dimanche 29 Septembre 2013, 14H00. :

Bonjour à toutes et à tous.

Vous ne me connaissez pas pourtant je suis quotidiennement sollicité, mais on ne me donne jamais la parole. Sauf que ce matin, vers 11H30, le groupe au complet est parti en direction du camp de base avancé. Je me suis retrouvé seul (enfin !) sous la tente dôme, un carnet à mes côtés, alors j’en ai profité pour écrire.


En fait, je suis content de pouvoir souffler un peu. Surtout que ces quatre derniers jours ont été particulièrement éprouvants, la faute au temps. Un peu facile me direz-vous ? La preuve, il s’est partagé entre soleil le matin, nuageux en fin de matinée, rafales de vent dans l’après-midi avec neige et parfois grésil jusqu’en milieu de nuit. La seconde partie de nuit le ciel était souvent étoilé, mais à ce moment-là, je suis comme l’ensemble du camp, sur la position OFF. Pour tout vous dire, plus il y a de soleil, plus je suis efficace. Alors avec quatre jours de météo pareille, et l’expédition réunie au complet au camp, pas facile de faire face à toutes les sollicitations.


Vous avez trouvé qui je suis ? Vous chauffez ? Moi, quand je chauffe, je disjoncte !

En effet, sur mon dos sont branchés quatre panneaux solaires. A côté, deux fils partent vers une batterie 12 volts et deux autres vers un boîtier équipé de quatre prises « allume cigare ». Ces prises font l’objet de toutes les convoitises. Imaginez un peu, elles permettent de recharger les batteries des téléphones satellites, des ordinateurs portables, des lampes frontales, des appareils photographiques, des caméscopes, des montres Garmin, et des même des Smartphones !
Mon nom est : « SOLAR CHARGE CONTROLLER », cependant au GMHM, on ne m’appelle jamais ainsi.
Quand « ca » fonctionne on me nomme le « truc » de Didier. Didier, c’est l’ingénieur du groupe ! Quand je ne «régule » plus, j’en entends de toutes les couleurs. Et ses copains du groupe lui mettent la pression. Alors Didier arrive avec son tournevis et son « Métrix » et débranche tout. J’avoue que parfois j’ai peur. Au final, il se débrouille toujours pour me faire fonctionner.

Jeudi 26 le temps était contre moi et j’ai bien cru que Didier me faisait une infidélité. Il a débranché une des batteries que j’essayais péniblement de recharger pour aller la brancher sur une éolienne qu’il venait d’assembler avec l’adjudant Sébastien Moatti et Tendi. Depuis, avec l’éolienne, nous nous sommes partagés le travail. Le matin, avec l’arrivée du soleil, je bosse avec les panneaux solaires, l’après-midi, avec la venue du vent, elle reprend du service.


Des batteries 12 V, il y en a trois à maintenir en charge.

Une qui alimente la tente des porteurs et des cuisiniers. Le soir, dès que la lampe s’allume ils chantent en préparant le dîner, puis, en faisant la vaisselle. En fonction du travail des porteurs, les chants se poursuivent parfois tard dans la nuit. A propos des porteurs, ils nous ont fait une belle blague cette fin de semaine. En effet, ils sont descendus à Nyalam pour nous ravitailler en viande fraîche. Au retour, ils étaient accompagnés d’un chien, bien vivant, qui les suivait à la trace. Sourire jusqu’aux oreilles, Tendi nous a expliqué que comme cela la viande était plus facile à transporter. Nous avons appréciés l’humour !


Pendant que je charge la troisième batterie, la seconde alimente la tente mess. Ah, la fameuse tente mess ! Lieu de restauration, lieu de détente et bien sûr lieu stratégique ou s’élabore le programme des jours à venir. Vous aimeriez bien que je vous en raconte plus ? Chut, ici c’est confidentiel défense ! Mais comme vous êtes des fidèles lecteurs, je vous « lâche » quelques informations.
Le 26, c’était l’anniversaire de notre médecin Valentine Malavoy. Elle a eu droit à son gâteau et pleins de petits présents.


Son verre a été vidé comme les autres…ainsi que la seconde batterie !
Le 27 septembre 2003, aux pieds de la montagne qui nous entoure, disparaissaient le capitaine Antoine de Choudens et le lieutenant Philippe Renard. Ce 27 septembre 2013, sous la tente mess, le temps n’était pas à la fête mais plutôt au recueillement.
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas.


Dans le groupe, ils sont quatre, pour qui les après-midi se ressemblent. Ce sont les joueurs de Coinche. Eux, je les aime bien ! Les cartes, elles au moins, ne déchargent pas les batteries !
Pour terminer ces confidences, je peux vous dire que ce matin, ils ont tous décidés de monter au camp de base avancé.


Demain lundi 30, l’adjudant Sébastien Moatti et le chasseur Max Bonniot iront dans les contreforts du Shishapangma, histoire de « voir ».
Le capitaine Didier Jourdain, l’adjudant-chef Sébastien Bohin, l’adjudant Arnaud Bayol et le chasseur Antoine Bletton iront poursuivre leur acclimatation sur les pentes du Pungpa Ri, qui culmine à 7445 mètres d’altitude. Pendant cette phase, Valentine Malavoy restera au camp de base avancé. Le capitaine Lionel Albrieux, le chef de cette expédition, se positionnera en fonction de l’avancée des cordées.
Quant au commandant  Jean-Yves Igonenc ? Justement, je l’entends qui revient. Il s’est juste absenté quelques heures. Nous sommes un peu complice tous les deux. Tenez, ce matin en sortant de ma tente, il a laissé son bloc note et un crayon à ma portée. Je le soupçonne même de m’avoir fait un clin d’œil en partant….

La suite au retour du camp de base avancé.

A bientôt.

Solar charge controller…

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Les pentes du Nyanang Ri 7071 m

Il neige sur le Shishapangma  aussi le groupe s’affaire au camp de base. Le cuisinier prépare un gâteau pour l’anniversaire du médecin Valentine Malavoy et le capitaine Jourdain tente de faire des pralines.
Une période de repos avant de reprendre la phase « sommets d’acclimatation ». D’ici deux ou trois jours ce sera certainement l’ascension du Pungpa Ri (7400 m) pour une équipe et, pour l’autre, une incursion dans la face du Shishapangma afin de repérer les conditions.
Les prévisions météorologiques sont parfaites et il est probable que, dès lundi, des membres du groupe soient à pied d’œuvre au camp de base avancé à 5500 m.

Retour sur l’ascension du Nyanang Ri :

Publié le jeudi 26 septembre 2013

Dimanche 22 Septembre :
Pour notre second bivouac sur le Nyanang Ri (7071m), nous décidons de terrasser un emplacement pour trois sur l’arête, suspendue entre les pentes de neige de la face Sud-Ouest et l’abîme de la face Est.


Cette première nuit à 6300m, sur cette corniche longuement aménagée, est un nouveau test à notre capacité d’adaptation. Au petit matin, le capitaine Didier Jourdain , pestant contre son grand âge, se met rapidement en action pour réaliser le petit déjeuner pendant que l’ adjudant Sébastien Moatti se retourne une énième fois, gémissant dans son duvet.

Dehors le temps est beau et nous plions finalement la tente pour commencer l’ascension de cette arête esthétique.

Nous prenons soin d’enfouir matériel de couchage et nourriture à l’abri des choucas espiègles qui nous suivent depuis notre départ du camp de base. L’objectif de notre journée consiste à monter le plus haut possible sur l’arête, la prochaine nuit étant prévue au même endroit que la précédente.
Les autres cordées ayant bivouaqué sur l’arête ce dimanche soir retournent au camp de base pendant que nous nous élevons avec une aisance relative dans les pentes inférieures du Nyanang Ri. Manifestement en forme, Seb fait la trace.

A plusieurs reprises, la corde se tend outrageusement. Cet artifice lui permet d’insister sur notre lenteur et chaque pose à son niveau, taillée dans la pente, est un soulagement.
Équipés de chaussures légères, Didier et moi subissons la morsure du froid qui règne à cette altitude de 6600m. Munis d’un seul brin de 60 mètres et encore peu acclimatés, nous décidons de redescendre au bivouac précédent pour parfaire notre adaptation à l’oxygène rare.
De retour sur notre corniche, nous installons à nouveau la tente et occupons désespérément notre après-midi entre facéties en tous genres et lectures tibétaines.

Cette nouvelle nuit nous acclimate un peu plus et nous redescendons hagards le lendemain matin, sous une neige légère.

Le retour au confort du camp de base sera l’occasion de se reposer et d’échafauder nos prochains plans d’acclimatation, le Shisha en ligne de mire…

Chasseur Max Bonniot

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L’acclimatation… du soutien

Publié le lundi 23 septembre 2013

Lundi 23 septembre, 21H00 Camp de base :

Il est 15H00 en France, j’ai encore du temps pour que Jean-Pierre et Laurent, notre base arrière à Chamonix, reçoivent ce texte et l’exploitent, pour nos proches et les différents sites internet.
Plus que le temps, c’est aussi le calme qu’il me faut pour écrire et, précisément ce matin il y en a. En dehors de l’équipe locale, je suis seul avec Valentine Malavoy, notre médecin. Attardons-nous quelques instants sur l’équipe locale composée de 5 personnes : il y a d’abord Tendi Sherpa, l’organisateur local de l’expédition présent à nos côtés depuis Katmandou et son fidèle cuisinier Lakpa, tous deux népalais. Les trois autres sont tibétains, recrutés sur place à Nyalan, Tchendi aide cuisinier qui file de la laine de yak à temps perdu et deux jeunes porteurs, plutôt branchés, casquette sur la tête et smartphone dans les oreilles.


Après un petit déjeuner copieux au soleil, je reviens sur les événements des derniers jours.
Samedi 21, 14h00, nous partons à 7 en direction du Nyanang Ri 7071 mètres, le prochain sommet d’acclimatation. Vers 5700 mètres le groupe se scinde en deux. Il s’agit pour les cinq «himalayistes » de s’approcher au plus près de leur objectif, l’arête sud.


Pour Valentine et moi, il s’agit de rejoindre le col qui sépare l’Ice Tooth du Nyanang Ri. Finalement nous poserons nos tentes à quelques centaines de mètres de distance et quelques dizaines de mètres d’altitude les uns des autres.
« Notre » col répond à notre attente, la tente est posée à plat, à l’abri du vent, orientée est-ouest afin de profiter du soleil au maximum. Comme quoi on peut être à la fois apprenti himalayiste et sybarite…


Depuis ce balcon le spectacle est magnifique. En France, j’ai la chance d’habiter au plateau d’Assy, face à la chaine du Mont-Blanc que j’admire matin et soir. Ceux qui connaissent ce lieu peuvent apprécier. Depuis ce col himalayen, le paysage est également captivant, j’oserai même dire « vivifiant » pour l’esprit. Aucune carte postale ou photographie pour décrire cette sensation. Je vais me contenter de vous décrire ce que j’ai sous les yeux.
Sur notre gauche, l’arête du Nyanang Ri forme un rideau de neige et de glace presque vertical, c’est ici que le spectacle commence.


A sa droite apparaissent, à perte de vue, les hauts plateaux tibétains. Les teintes varient en fonction de l’orientation du soleil, de l’ocre jaune à la terre de Sienne brune. Face à nous le paysage se coupe en deux par rapport à la ligne d’horizon. En dessous une longue vallée glacière s’écoule de la droite vers la gauche. Elle commence au lac de Kung Tso, lieu de pèlerinage sur la route de Kailash. La couleur de l’eau du lac varie ici aussi, bleu outremer le matin, turquoise à midi et cobalt au coucher du soleil.

Le mémorial
Le mémorial


A chaque verrou un lac, à chaque lac une couleur, à chaque heure un spectacle. Entre les lacs, des « alpages » pour rassasier les troupeaux de Yaks.
Le clou de la représentation se situe au-dessus de la ligne d’horizon. Quatre sommets de plus de 8000 mètres d’altitude nous font face, en ligne comme dans une cour de récréation : le Cho Oyo, l’Everest, le Lhotse et le Makalu.


De quoi passer une nuit bien sage..
Au matin du dimanche 22 nous reprenons contact avec l’équipe voisine. La nuit a été « correcte » et la progression va reprendre avec le lever du jour. Nous prenons alors le chemin du retour, un dernier coup d’œil derrière nous sur les lacs en contrebas et nous avalons en trente minutes la descente du glacier gravit avec peine la veille. A sa langue nous croisons Lionel et Sébastien Bohin, ils montent bivouaquer dans les parages de l’autre équipe. Les prévisions météorologiques sont changeantes et occupent la tête de notre chef d’expédition.
19H30, depuis le camp de base, dernier contact téléphoniques avec les équipes au bivouac et dernières prévisions d’activités. Demain matin Lionel redescendra avec une partie de l’équipe engagée sur le Nyanang Ri. Quant à Didier, Sébastien Moatti et Max, ils se frotteront encore sur quelques longueurs avec cette arête impressionnante. Pour nous l’heure est au dîner. Lakpa nous prépare ses fameux « Momo » et Tendi nous propose une bière chinoise à 3%, de quoi veiller avec Valentine jusqu’à 22h00. Le téléphone satellite restera toute la nuit sur la position ON.
Lundi 23, 13h00, arrivée de la première équipe au camp de base. Nous allons passer à table et mon texte n’est pas fini. En effet, notre camp est installé près du « monument » édifié à la mémoire de deux anciens du GMHM, Antoine de Choudens et Philippe Renard, décédés en ces lieux le 27 septembre 2003. Alors que je commençais cette rédaction Tendi me propose de remettre en état ce mémorial , avec Valentine et les deux porteurs nous passons la matinée à lui prêter main forte.


La suite au retour de la seconde équipe.
En espérant que vous avez passé un excellent week-end, cordiales pensées à vous tous.

Cba Jean-Yves Igonenc

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Premier sommet d’acclimatation

Publié le vendredi 20 septembre 2013

L’expédition « Shishapangma 2013 » suit son cours, entre acclimatation et vie au camp de base. Tous les membres sont en forme et se sentent bien sur ce magnifique plateau tibétain, entouré de montagnes, toutes plus belles les unes que les autres.

Lundi 16 :

Nous profitons d’un temps encore clément pour aller faire un repérage du camp de base avancé. L’adjudant Sébastien Moatti qui est déjà venu en 2003, connaît bien le coin et nous guide entre pierrier et moraine.


La vue est grandiose. Autour de nous des dizaines de projets de grimpe : ici « la voie des papas », un peu plus loin « la goulotte des jeunes »… il nous faudrait 10 autres expés pour tout faire.

Nous arrivons à un petit lac à 5600m d’altitude. Une eau turquoise, un banc de sable, une vue superbe sur toute la face sud-ouest du Shishapangma. Le cadre semble idyllique pour notre prochain camp d’altitude.


Pour l’instant il nous faut rentrer à notre camp de base, 5 km à vol d’oiseau. Ce soir c’est l’anniversaire du chasseur Antoine Bletton qui fête ses 29 ans.

L'ADJ Bayol en approche au camp de base
L’ADJ Bayol en approche au camp de base

Mardi 17 :

Journée de repos au camp de base, chacun vaque a ses occupations :
Repos, préparation du matériel pour partir 2 jours en montagne, optimisation de la tente « communication ». L’adjudant Arnaud Bayol et Seb Moatti se payent le luxe d’un vol en parapente. Ils décollent d’une bosse de neige à 6100m et se posent au camp de base.


Arnaud revient sur son premier vol à cette altitude :

« J’étais curieux de connaître la réaction du parapente dans cet atmosphère raréfié. Dés que le créneau de vent a été là, nous avons grimpé sur un dôme à 6070m. Le vent était presque trop fort mais à cette altitude ça a rendu la prise en charge plus facile. Le vol fut superbe et de petits thermiques nous ont permis de monter un peu. Seul l’atterrissage au CB à 5300m m’a surpris par la vitesse de la voile. A renouveler très vite !! »

Mercredi 18 :

Après avoir fini les sacs, nous partons en montagnes pour 2 jours. L’objectif est de gravir l’ « Ice Tooth » un joli sommet peu technique qui culmine à 6240m, juste au dessus du camp de base. Il nous faut environ 2h de marche pour atteindre notre emplacement de bivouac à 5900m. Le Médecin de l’expédition, Valentine Malavoy et le Commandant Igonenc, montés avec nous au bivouac redescendent au camp de base assurer notre sécurité.


Une fois de plus la vue est magnifique. Les petits lacs en contre-bas, la mer de nuage qui remonte et les couleurs du soir donnent une ambiance un peu magique.


La première nuit à cette altitude n’est jamais très agréable. Premier repas lyophilisés, petits maux de tête… lorsque nous nous réveillons le lendemain à 7h, les esprits sont encore embrumés. Le chasseur Max Bonniot raconte sa première réaction à 6000m d’altitude :
Ce bivouac, malgré son altitude modeste pour les montagnes himalayennes qui nous entourent, reste élevé de près de 2 kilomètres des bivouacs les plus hauts que j’ai réalisés !

Apprendre à gérer le déséquilibre induit par cette atmosphère raréfiée, rester confiant, trouver son rythme et sa place dans sa cordée, dans le Groupe. Chaque pas vers le haut est un pas de plus dans l’inconnu, avant de rattraper mes compagnons pour l’ascension finale ! Je savoure ce privilège qui m’est offert de grimper et de profiter de la grande expérience des autres membres du Groupe. Ce sommet d’acclimatation, grimpé tous ensemble, comme une marche de plus réalisée vers le Shisha… Une expérience alléchante !

Jeudi 19 :

Il nous faut environ 1h30 pour être prêt à partir ce matin. Faire fondre la neige pour déjeuner, s’habiller en alpinistes, ranger les affaires, plier les tentes, chausser les crampons et c’est parti !
L’ascension commence par cette bosse de neige à 6100m. Les cordées progressent doucement. D’abord l’Adjudant Bayol avec le chasseur Bletton ; puis le capitaine Jourdain avec l’adjudant Moatti ; enfin la cordée de 3 : Le capitaine Albrieux, l’adjudant-chef Bohin et le Chasseur Bonniot.


Les premiers pas ne sont pas évidents, le souffle un peu court. Nous suivons ensuite une traversée descendante jusqu’au col à 5900m. Un dernier ressaut en neige raide (50°) nous amène au sommet, 6240m. Malgré la météo pas terrible, nous sommes contents d’être tous les 7 au sommet de cet « Ice Tooth ».

Arnaud et Seb M. se jouent des nuages et décollent en parapente depuis 5800m. 15 minutes plus tard ils sont au Camp de Base. Pour les 5 autres, c’est à pied et en 1h30 que nous rejoignons notre petit village de tentes.

Une bonne nuit de repos et nous commençons déjà à réfléchir aux prochains projets d’acclimatation. Dans les esprits de chacun, ce gros projet : la face sud-ouest du Shishapangma.

Chasseur Antoine Bletton

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Shisha actu du dimanche 15

Publié le dimanche 15 septembre 2013

Nous voilà bien installés au camp de base (N28°16’00.4’’ – E085°47’56.2’’) situé à 5 300m d’altitude non loin du pied du Shishapamgma.
Nous avons quitté Nyalam jeudi dernier avec pour programme de rejoindre l’emplacement de notre futur camp de base en deux jours. Monter aussi rapidement nous paraissait un peu excessif mais le programme avait été
élaboré par la CMA (Chinese Mountain Association) sur la base des
expéditions antérieures et les yackmen ainsi que leurs bêtes engagés
pour seulement deux jours.

Jeudi soir, après une longue journée de marche, nous bivouaquons dans un
alpage à 4680m d’altitude et déjà nous en ressentons ses effets. Pour des
questions d’acclimatation, Il nous parait peu raisonnable de repartir dès
le lendemain pour un camp de base prévu à 5200m d’altitude. Finalement,
le lendemain matin, alors que nous nous préparons à négocier avec nos
Yackmen pour rester une journée de plus au bivouac, ils viennent nous
voir car ils aimeraient eux aussi faire une journée de repos. L’affaire
est rapidement entendue et nous passerons toute la journée de vendredi à
4680m pour laisser nos corps s’habituer à l’altitude.

Ainsi, c’est seulement hier après-midi (le 14/09) que nous sommes arrivés à l’emplacement de notre camp de base actuel. Il est idéalement placé près d’un lac avec une excellente vue sur la partie supérieure de la face sud de Shishapangma que la météo clémente nous permet d’observer dès notre arrivée.

Nous avons ensuite passé le reste de l’après-midi à installer sommairement le camp avant que la nuit arrive : la tente cuisine, la tente mess, les toilettes et les tentes pour dormir. La journée s’est
conclue par un excellent repas, préparé par LAKPA notre cuisiner
népalais et son aide cuisinier, à l’issue duquel nous ne nous sommes pas
fait prier pour aller nous coucher.

Ce matin pendant le petit déjeuner, TENDI, notre logisticien népalais, tend les drapeaux à prières bouddhistes entre les tentes. C’est une
tradition à laquelle aucune expédition ne déroge dans ces montagnes. Les
prières ainsi emportées par le vent éloignent les malheurs et apportent la
chance. Nous consacrons en grande partie la journée à améliorer notre camp
de base : électricité, douche, moyen de communication satellitaire,
infirmerie, tout le confort moderne dont on peut rêver pour les 30
prochains jours.

A l’heure où j’écris ces lignes chacun vaque à ces occupations, certains
font du gonflage de voile de parapente alors que d’autres lisent, font la
sieste ou encore prennent des photos. Les organismes s’acclimatent, les
maux de têtes s’estompent lentement et les bronches irritées par l’air
vif se désenflamment en attendant que l’énergie revienne.

A très bientôt !

Capitaine Lionel Albrieux

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Camp de base !

Publié le samedi 14 septembre 2013

Le premier appel est inaudible, le second guère mieux, mais le troisième est parfait : le capitaine Lionel Albrieux téléphone depuis le camp de base où le groupe vient d’arriver. « Nous sommes à 5300 mètres, à l’endroit prévu près du lac. Tout le monde va bien ! ». Ce soir, ils installent le campement et tenteront dans les jours qui viennent de nous envoyer des informations plus précises via un second système satellite. Leur objectif se dresse devant eux, à une demi-journée de marche, visiblement très enneigé. Le ciel simplement voilé offre une météo pratiquement parfaite.

JP Tauvron

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Arrivés en Chine … à pied !

Publié le mardi 11 septembre 2013

Le lundi 9 au matin, les 9 membres de l’expé ainsi que notre sirdar Tendi Sherpa et notre cook Lakpa embarquent dans le bus pour le Tibet. Seulement 80 km de distance qui nous prendrons toute la journée. La route que nous suivons n’a de « Highway » que le nom. Elle ressemble parfois plus à une piste de 4*4 et nous sommes bien secoués dans ce petit bus.

Nous effectuons une pause au « Pont de l’amitié » qui marque la frontière Sino/Népalaise. Il nous faut passer sur l’autre rive à pied, pendant que nos bagages et bidons bleus sont inspectés et montent dans un camion chinois. Pour les hommes, c’est en 4*4 que nous rejoignons Nyalam par une gorge assez impressionnante. Nous prenons de l’altitude et débouchons sur un joli plateau à 3800 m. L’atmosphère est bien plus fraiche et il nous faut sortir les petites doudounes pour se balader dans les rues de Nyalam. L’ambiance ici est bien différente de Katmandu. A commencer par les repas : la première soupe à base de tête de coq, le premier petit déjeuner à base de beignet au poulet nous laisse un peu perplexe pour la suite… Mais toute l’équipe se sent bien sur ce plateau tibétain, dans cette dernière ville avant de quitter la civilisation. Quelques jours de repos/acclimatation douce et nous partirons dans les montagnes, en direction du camp de base.

Ch BLETTON

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Bidon Bleu Story

Publié le lundi 10 septembre 2013

Au départ, trois jours à Kathmandu nous paraissaient bien longs, impatients que nous étions de rejoindre la montagne et un air plus frais et respirable qu’en ville. Finalement, il n’en fallait pas moins pour accomplir les formalités d’obtention de notre visa chinois, et surtout, récupérer notre précieux fret. Comme à chaque voyage, l’expédition de ce fret est quasiment une expé dans l’expé, la perte d’un seul bidon peut compromettre la réussite d’un des membres, voire de tout le monde. Dès que ces bidons bleus quittent Chamonix, nous en perdons le contrôle et on appréhende que tout ou partie se perde en route. Cette fois, la livraison au Népal s’est déroulée sans problème, c’est la récupération qui fut difficile. Celle-ci a mobilisé les deux membres de l’équipe dévoues à cette tache pendant presque deux journées. Il est frustrant d’avoir le fret sous les yeux mais de se heurter au zèle de certains fonctionnaires peu compréhensifs et de les voir tout déballer au milieu de la foule. Nous avons finalement repris possession de nos équipements avec un grand soulagement.

Les quelques jours passés dans la capitale népalaise nous aurons tout de même permis de profiter de cette agréable ville avec quelques visites touristiques, achats de dernière minute, la traditionnelle séance d’écriture des cartes postales et surtout ses bons restaurants avant quelques semaines de repas moins variés.

Adj Moatti

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Arrivée à Kathmandu

Publié le samedi 07 septembre 2013

Nous sommes bien arrivés au Népal.

Vendredi 06 septembre à 8h30 nous sortons de l’aéroport de Kathmandu, éblouis par l’éclat d’un soleil déjà haut dans le ciel qui écrase les couleurs et harasse les hommes.

Dans la tempête
Dans la tempête

Notre ami Tendi Sherpa nous attend avec un large sourire. Il nous accueille chaleureusement et nous guide jusqu’à notre Hôtel. Depuis 10 jours déjà il prépare activement notre venue, organisant notre déplacement vers la Chine et le Shishapangma, réglant chaque détail de la logistique de notre expédition. Côté organisation locale, c’est lui le Boss. Il va nous accompagner pendant toute l’expédition et veiller à ce que nous disposions des meilleures conditions de vie au camp de base.

Malgré une mauvaise nuit dans l’avion et le décalage horaire la journée sera bien remplie:
– Ce matin, formalités administratives pour les demandes de visas chinois, et formalités douanières pour la récupération de notre fret.
– Cet après midi nous nous rendons à l’ambassade de France pour une entrevue avec madame la consule afin de faire un point précis sur notre coordination en cas de secours. C’est une évocation peu plaisante mais indispensable dans une préparation sérieuse de ce type d’expédition.

En fin d’après midi nous découvrons enfin les alentours de l’hôtel avant de finir la soirée attablés dans un petit restaurant en plein air éclairés par quelques lustres de papier. La nourriture est bonne et nous contente. La fatigue se fait sentir.
Nul doute que la nuit sera bonne.

Le capitaine Lionel ALBRIEUX

Partenaires

Météo france

Météo France répond aux attentes du GMHM en assurant le routage météo depuis l’antenne locale de Chamonix-Mt Blanc.

Météo-France a pour mission de surveiller l’atmosphère, l’océan superficiel et le manteau neigeux, d’en prévoir les évolutions et de
diffuser les informations correspondantes. Il exerce les attributions de l’Etat en matière de sécurité météorologique des personnes et des biens. Il assure de même, dans les domaines de sa compétence, la satisfaction des besoins du ministère de la défense.

Millet

Partenaire matériel et habillement et partenaire des MXP.

Le nom Millet devient célèbre dans les années 30 avec les premiers sacs à commissions munis de bretelles. Adapté quelques années plus tard au sac à dos, l’idée signe rapidement le succès de la marque française. Le développement de produits techniques pour la montagne apporte à la marque une forte image, renforcée par la signature des meilleurs montagnards de leur génération.

Julbo

Partenaire pour les lunettes et masque de haute montagne.

Julbo est avant tout une marque aux choix techniques reconnus. La marque jurassienne s’appuie sur ses concepteurs/designers pour la création de ses gammes de produits, des lunettes de soleil aux lunettes optiques en passant par les casques et masques. Julbo maîtrise l’ensemble du processus de fabrication : conception assistée par ordinateur, atelier de mécanique pour créer ses propres outillages, moules et pièces…

Tingerlaat

Partenaire pour les produits de protection solaire.

Tingerlaat a été conçu spécifiquement pour tous les passionnés de sport qui exposent leur peau à des conditions climatiques extrêmes lors de la pratique de leur activité sur neige, sur eau, sur terre, dans l’air. L’objectif est d’apporter des innovations technologiques adaptées aux besoins actuels de la peau des sportifs.