Un piolet d’or ! au GMHM

Le Groupe Militaire de Haute Montagne vient de recevoir pour la première fois le Piolet d’Or vendredi dernier à Courmayeur. Derrière l’ascension du Kamet qui est aujourd’hui récompensée, c’est avant tout une équipe qui est reconnue pour son engagement, son style, sa manière de faire et d’être. Nous sommes heureux et fièrs de cette reconnaissance du milieu montagnard international. Bien que l’esprit d’amateurisme soit à la base de la charte des piolets d’or, la démarche du GMHM de mettre l’homme au centre de l’aventure, avant toute débauche excessive de moyens rejoint directement la définition actuelle de l’alpinisme qu’est le Style Alpin.

Voici une définition du style Alpin donnée par les Piolets d’Or :

« Style alpin : par opposition au style himalayen, qui suppose des camps préétablis, des cordes fixes, des porteurs, voir des bouteilles d’oxygène. Le style alpin suppose d’évoluer en cordée, en style léger, en transportant son matériel et ses vivres, sans aide extérieure, sans placer de cordes fixes et en gravissant la montagne d’une traite, comme on le fait dans les Alpes. Le style alpin est le seul aujourd’hui reconnu par les alpinistes sportifs sur les plus hautes montagnes du globe. »

Pour le GMHM, cette pratique permet de pousser plus loin les limites humaines et paradoxalement celle du matériel. L’idée étant avant tout de laisser aux autres cordées la possibilité de faire à leur manière en laissant la montagne dans son état originel. Par définition, ce style est un incroyable terrain de jeu et un formidable laboratoire.

L’ascension du Kamet (voir le carnet de bord de l’expédition) restera pour nous, l’ascension d’une vie : une face vierge, un des sommets les plus hauts, une voie qui suit une ligne logique au milieu d’une face, encordés du bas en haut et du haut en bas, des compagnons et le dépassement de soi… Ma plus grande fierté restera toujours que ces hommes aient bien voulu y grimper avec moi. Je n’oublierai pas non plus ceux qui nous ont suivi du camp de base, ce qui est toujours plus difficile à faire que de grimper. Une expédition commence bien avant l’ascension. De l’acceptation de l’engagement à un entrainement collectif poussé, il y a un long cheminement qui a demandé la participation active des sept membres de l’expédition, des membres du GMHM et de tous ceux qui nous soutiennent et nous aident au jour le jour, partageant avec nous cette passion. Le Kamet est avant tout une envie d’alpinistes.

Mais les Piolets d’or furent pour nous une grande fête et surtout un moment d’échange et de convivialité avec tous ces alpinistes qui ont chacun une vision différente, des touches particulières, mais les mêmes valeurs de l’alpinisme. Le jury, en remettant le Piolet d’or à ces six ascensions particulières, a fait le choix de mettre en avant la diversité.

Voici ce que l’on peu lire sur Kairn.com :

« Kamet, 7756 m »

Cocorico ! Après Vincent Sprungli en 1993 (pour l’ouverture avec Michel Piola d’une nouvelle voie aux tours du Paine), Lionnel Daudet et Seb Foissac en 2000 (pour l’ouverture d’une nouvelle voie en face sud-est du Burkett Needle en Alaska), le Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM) entre donc à son tour dans le club très fermé des tricolores « piolets d’orisés » ! Qui plus est en continuité avec sa propre histoire, le même GMHM ayant déjà réussi la première de l’arête sud-ouest sur la même montagne en 1985. Cette fois, le groupe a réalisé la première ascension de la très raide face ouest en pur style alpin, face qui n’avait connu aucune tentative auparavant.De leur camp de base avancé vers 5800m, Sébastien Bohin, Didier Jourdain, Sébastien Moatti et Sébastien Ratel ont remonté la paroi en cinq jours via une succession de pentes de neige raides présentant des longueurs de glace souvent verticales, ce jusqu’à atteindre un bivouac sur l’arête sud à 7500m. La journée les menant au sommet a encore révélé des difficultés inattendues, avec une dernière longueur très raide. Les quatre alpinistes ont ensuite rejoint leur bivouac pour une nouvelle nuit (de trop!) avant d’entamer le lendemain, fatigués, la descente de la face sud, restée vierge jusque-là. »

Le film de l’ascension